Contexte de l’histoire de l’œuvre
Nadine Gordimer, écrivaine sud-africaine et lauréate du prix Nobel de littérature en 1991, est connue pour ses récits poignants qui explorent en profondeur les tensions raciales et sociales de la société sud-africaine durant l’apartheid. Son œuvre, « Six Feet of the Country », publiée en 1956, ne fait pas exception. En mélangeant fiction et réalité, Gordimer nous plonge dans une période sombre, caractérisée par de profondes inégalités et injustices.
Le recueil de nouvelles dont « Six Feet of the Country » fait partie met en lumière la vie des Sud-Africains au milieu du 20e siècle, où les lois raciales et les discriminations politiques façonnaient la société. Ce contexte politique et social est essentiel pour comprendre les subtilités de l’histoire et les motivations des personnages.
« Six Feet of the Country » est une nouvelle qui illustre la lutte quotidienne des Noirs en Afrique du Sud contre une machine judiciaire et administrative indifférente et oppressante. Gordimer utilise un cadre rural pour amplifier les divisions raciales et pour souligner les privilèges dont bénéficient les Blancs par rapport aux Noirs, qui sont souvent dépeints comme des marionnettes sans aucun pouvoir réel sur leur propre destin.
Le titre même de l’œuvre fait référence à la petitesse de la place accordée à ces individus marginalisés, réduites à six pieds (l’espace d’une tombe) dans une terre qui leur appartient de droit mais dans laquelle ils n’ont aucun contrôle réel.
Résumé de l’histoire
« Six Feet of the Country » raconte l’histoire d’un couple de Blancs qui possède une ferme en Afrique du Sud. Leur vie change brusquement lorsqu’un jeune Noir du personnel de la ferme, le frère du cuisinier Petrus, meurt mystérieusement après avoir traversé la frontière clandestinement.
L’histoire est narrée du point de vue du mari, dont la perception et les préjugés sur la situation composent la trame narrative. Après la découverte du cadavre, Petrus demande l’aide du couple pour organiser les funérailles dignes de son frère, une requête qui semble modeste mais qui devient rapidement un cauchemar kafkaïen en raison de l’implication des autorités locales.
Le processus de rapatriement du corps se révèle être excessivement bureaucratique et indifférent. Les autorités locales prennent le corps pour l’emmener à la morgue sous prétexte d’une enquête post-mortem. Cependant, les jours passent et aucune information n’est donnée à la famille ou à Petrus. La narration montre l’indifférence perturbante des autorités envers les souffrances et les demandes des Noirs, illustrant une administration plus préoccupée par le respect des règles absurdes que par la compassion humaine.
Le mari tente d’intervenir et de faciliter le processus, mais il se rend vite compte de sa propre impuissance face à une bureaucratie implacable. Son implication dans l’affaire commence par un souci de justice et de décence, mais son indifférence aux souffrances des Noirs commence à ressortir à travers son manque d’empathie réelle et sa frustration croissante devant les incohérences administratives.
Finalement, le corps qui est retourné à la ferme pour les funérailles n’est pas celui du frère de Petrus, mais celui d’un autre homme, ce qui déclenche une nouvelle vague de conflits et de bureaucratie. Cette erreur fatale met en lumière l’inhumanité et l’inefficacité du système, tandis que le couple Blanc, désillusionné et fatigué, s’éloigne émotionnellement de la situation après avoir réalisé les limites de leur influence et de leur privilège dans ce contexte.
« `html
La fin de l’œuvre
À la fin de « Six Feet of the Country » de Nadine Gordimer, l’histoire atteint son apogée de tension et de désillusion. Après avoir découvert que Petrus, l’un des travailleurs noirs du couple de fermiers blancs, a introduit clandestinement son frère malade en provenance de la Rhodésie (aujourd’hui Zimbabwe), la situation dégénère tragiquement. Le jeune homme meurt rapidement après son arrivée sur la ferme, suscitant un mélange de confusion et de frustration.
L’épouse du narrateur pousse ce dernier à contacter les autorités pour organiser le rapatriement du corps. Cependant, le système bureaucratique sud-africain, enraciné dans l’apartheid, révèle sa lenteur et son inefficacité. Le corps est placé dans une morgue où il est oublié et négligé, et ce n’est qu’après beaucoup d’insistance que le narrateur réussit à obtenir une réponse. Mais au moment de la délivrance, le choc final frappe : le corps restitué par les autorités n’est pas celui du frère de Petrus, mais d’un autre inconnu.
Cette révélation est une claque monumentale pour les personnages principaux et pour le lecteur. La femme du narrateur, qui s’attendait à une certaine justice et dignité de la part du système, est consternée par cette injustice déshumanisante. Petrus, quant à lui, reçoit cette nouvelle avec une attitude résignée mais douloureuse, montrant la profondeur de l’oppression et de l’impuissance ressentie par les populations noires sous l’apartheid.
Le narrateur, confronté à l’absurdité brutale et l’incapacité du système à rendre justice, se retrouve submergé par un sentiment de culpabilité mêlé à une prise de conscience douloureuse. Le récit se termine sur une note amère, laissant les lecteurs méditer sur les inégalités et l’inhumanité causées par les structures sociales de l’époque.
Les révélations clefs de la fin incluent non seulement l’erreur bureaucratique inhumaine, mais aussi la profonde division sociétale et raciale qui s’ouvre béante entre les personnages. La résolution qui se produit est loin d’être satisfaisante ou cathartique; au contraire, elle souligne la tragédie de la vie sous l’apartheid.
Le point clef qui émerge de cette fin est la démonstration effrayante de la déshumanisation systématique et la façon dont elle affecte tous les aspects de la vie, des gestes bureaucratiques aux relations interpersonnelles. Cette conclusion renforce les thèmes centraux de l’œuvre et laisse une impression marquante sur le lecteur, confronté à la dure réalité du système de l’époque.
« `
Analyse et interprétation
Dans « Six Feet of the Country », Nadine Gordimer touche à des thèmes profonds et universels tout en faisant une critique sociale subtile et puissante du contexte sud-africain de l’apartheid. En examinant la fin de l’œuvre, on peut voir comment ces thèmes s’entrelacent et quels messages Gordimer tente de transmettre aux lecteurs.
La conclusion du récit, où le narrateur et son épouse blanc tentent en vain de rendre le corps erroné de l’immigré noir à sa famille, illustre la déconnexion totale entre les différentes communautés en Afrique du Sud à cette époque. Il devient clairement visible que les autorités et les systèmes en place traitent les individus noirs avec une indifférence bureaucratique, et leurs familles avec mépris et négligence.
Thèmes importants abordés
Quelques thèmes qui ressortent dans la fin de « Six Feet of the Country » incluent :
- Racisme institutionnalisé : La lutte pour récupérer le corps illustre les inefficacités et l’oppression systématique du régime de l’apartheid. Les personnages blancs sont impuissants face à ce système, malgré leurs intentions. Cela montre la profondeur du racisme institutionnalisé qui dépasse les simples bonnes intentions.
- Déshumanisation : La famille de l’immigré noir est déshumanisée non seulement par la société mais aussi par les autorités qui, par erreur, transmettent le mauvais corps. Cette action met en évidence la perception des Noirs sous le régime de l’apartheid comme étant secondaire, inférieure et sans valeur individuelle.
- Isolation et désespoir : La famille du défunt est laissée sans réponses, illustrant l’isolement et le désespoir ressentis par les Noirs. Même ceux qui se trouvent du « bon côté » de la barrière raciale ressentent, au final, leur propre type de désespoir en étant incapables de changer le système.
Analyse de la fin
La fin du récit de Gordimer est marquée par l’ironie et la tragédie. La tentative du narrateur de rendre justice se heurte à une bureaucratie insensible, soulignant ainsi l’absurdité et la cruauté du système. En refusant le moindre geste de rectification, elle déclenche chez les lecteurs une indignation contre le régime de l’apartheid.
En analysant plus en profondeur, la fin de l’histoire montre également l’impuissance des individus face aux mécanismes oppressifs. Les systèmes en place sont si profondément enracinés et implacables que même les personnes les mieux intentionnées ne parviennent pas à en repousser les effets déshumanisants. L’absurdité administrative reflète une déconnexion totale, une perte de la signification humaine face à un système acculturé par la ségrégation et la violence symbolique.
Interprétations de la fin
Une interprétation sérieuse de la fin pourrait être que Gordimer veut exposer l’inefficacité et l’indifférence du système d’apartheid face à la dignité humaine. En rendant la récupération du corps presque impossible et en évitant catharsis, Gordimer insiste sur l’immensité du changement nécessaire pour rectifier de telles injustices.
D’un autre côté, une interprétation alternative et inattendue pourrait envisager que la véritable intention de Gordimer soit de souligner une vengeance silencieuse de la part des personnages noirs : en rendant la tâche lourde pour les personnages blancs, ils signifient leur mépris et leur défi face à un système qui les opprime. Cette interprétation, bien que quelque peu comique dans son exagération, pourrait montrer une inversion ironique des rôles de pouvoir à travers un acte final de résistance subtile.
En somme, la fin de « Six Feet of the Country » de Nadine Gordimer est une étude poignante et éclairante sur les dysfonctionnements d’un système oppressif, la perte de dignité humaine et les désillusions face aux tentatives de faire ce qui est juste dans un monde injuste.
Suite possible
Suite sérieuse et probable :
Si Nadine Gordimer avait continué l’histoire de « Six Feet of the Country, » il est probable qu’elle se serait penchée davantage sur les vies des travailleurs noirs dans le contexte de l’apartheid en Afrique du Sud. Le fermier blanc et sa femme pourraient subir un éveil moral à la suite de l’incident de la dépouille enterrée à la mauvaise place, mais cet éveil serait graduel et marqué par des conflits internes et externes.
Dans cette suite, le couple pourrait initier des changements progressifs sur leur ferme, améliorer les conditions de vie de leurs travailleurs et peut-être même résisté aux pressions sociales de leurs pairs. Ils pourraient être confrontés à des dilemmes éthiques de plus en plus aigus, les forçant à reconsidérer leurs privilèges et peut-être même à soutenir des formes de résistance contre l’apartheid. Une tension croissante entre leur désir de justice et la réalité brutale de leur époque pourrait constituer le cœur de cette suite plausible.
Les domestiques, pour leur part, pourraient saisir cette opportunité pour demander plus de droits, meilleures conditions de travail, et peut-être même obtenir une reconnaissance en tant que membres essentiels de la communauté. Ce développement pourrait petit à petit créer une micro-société plus égalitaire au sein de la ferme, bien qu’elle soit encore fortement opposée par la structure oppressive de l’apartheid au niveau national.
Suite décalée et improbable :
Imaginons maintenant une suite très différente où l’approche serait nettement plus radicale. Le destin de la ferme pourrait prendre un tournant absurde lorsque le fantôme du travailleur mort, dont le corps a été enterré incorrectement, commencerait à hanter la propriété. Les cauchemars récurrents du fermier et de sa femme se concrétiseraient, les forçant à reconnaître pleinement leurs fautes non seulement envers le défunt, mais aussi envers tous leurs employés.
Pour apaiser ce spectre, ils seraient contraints de commencer une série de rituels de restitution comprenant le traitement digne de leurs travailleurs et l’établissement de rituels de pardon locaux. Cette présence spectrale pousserait des changements draconiens sur la ferme, amenant les travailleurs et les exploitants à unir leurs forces pour comprendre et respecter les anciennes traditions. Paradoxalement, ce serait cette force surnaturelle qui les mènerait vers une cohabitation plus égalitaire et respectueuse.
Et pourquoi ne pas imaginer que l’esprit du travailleur inspire soudainement des capacités exceptionnelles aux travailleurs, leur permettant de transformer la ferme en une utopie décolonisée fictive et prospère? Le surnaturel deviendrait ainsi un catalyseur pour une transformation sociale et économique rapide et radicale.
Conclusion
« Six Feet of the Country » est une œuvre poignante qui dévoile les injustices structurelles sous l’apartheid en Afrique du Sud. La nouvelle de Nadine Gordimer expose sans ménagement les subtilités des relations raciales et la déshumanisation des individus sous ce régime oppressif. Par sa fin ouverte et provocatrice, le récit invite chaque lecteur à réfléchir sur la complicité, le silence et les possibilités de rédemption ou de changement.
L’exploration de suites plausibles ou moins réalistes de l’histoire nous permet de comprendre la profondeur des thèmes abordés et d’imaginer divers futurs – qu’ils soient réalistes, idéologiques, ou carrément fantastiques. Qu’il s’agisse d’une lente évolution éthique ou d’une révolte initiée par des forces surnaturelles, l’héritage de l’œuvre continue de stimuler discussions et réflexions. Nadine Gordimer, par cette nouvelle, nous offre un espace d’examen introspectif et collectif sur l’humanité, la justice et la voix des sans-voix sous des régimes oppressifs.
En conclusion, « Six Feet of the Country » n’est pas seulement un cri contre l’injustice; c’est aussi un appel à l’empathie, à la responsabilité et, peut-être, à une meilleure compréhension entre les êtres humains de divers horizons.
Tags : Six Feet of the Country, Nadine Gordimer, tensions raciales, apartheid, critique sociale, injustices, réflexion bouleversante, profondeur émotionnelle, inhumanité des préjugés, empteinte littéraire
En savoir plus sur Explication de la fin des films, livres et jeux vidéos
Subscribe to get the latest posts sent to your email.