Ruy Blas de Victor Hugo (1838)

Contexte de l’histoire de l’œuvre

En 1838, Victor Hugo, l’un des éminents représentants du mouvement romantique en France, publie « Ruy Blas », une pièce en cinq actes qui explore les thèmes de l’amour, de l’identité et des divisions sociales. Composée en vers, cette œuvre est profondément poétique et dramatique, marquée par les éléments typiques du romantisme tels que l’exaltation des sentiments et le destin tragique.

Victor Hugo, déjà reconnu pour ses romans et ses pièces de théâtre telles que « Notre-Dame de Paris » et « Hernani », plonge avec « Ruy Blas » dans la complexité des émotions humaines et les intrigues politiques. La pièce se déroule en Espagne, dans un contexte où la noblesse et la royauté lisent les règles de la société, opérant dans un environnement corrompu et décadent. Cette œuvre est devenue un pilier de la littérature française, étudiée et appréciée pour sa profondeur thématique et sa puissance dramatique.

Résumé de l’histoire

L’action de « Ruy Blas » commence en Espagne à la fin du XVIIe siècle. Don Salluste de Bazan, un noble disgracié par la Reine d’Espagne, cherche à se venger de cette offense. Pour cela, il utilise son fidèle valet, Ruy Blas, un homme intelligent mais de basse extraction. Don Salluste manipule Ruy Blas en le faisant passer pour un noble sous le nom de Don César de Bazan, cousin de Don Salluste.

Ruy Blas, en réalité honnête et loyal, se retrouve plongé dans le monde corrompu de la cour. Reine d’Espagne, meurtrie par la vacuité de la noblesse espagnole, tombe amoureuse de l’esprit noble et des capacités intellectuelles de Ruy Blas, ignorant sa véritable identité. Ruy Blas se retrouve alors partagé entre son amour sincère pour la Reine et son devoir envers Don Salluste.

Au fil des actes, Ruy Blas devient un conseiller influent à la cour, initiant des réformes pour le bien du peuple espagnol. Cependant, il reste toujours hanté par le mensonge qui lui permet de maintenir cette position. Cet état de fait atteint son apogée lorsqu’il doit choisir entre trahir la Reine ou exposer sa véritable identité et, ce faisant, perdre tout ce qu’il a accompli.

En parallèle, la Reine, également déchirée par son amour pour le mystérieux Don César et son rôle de monarque, se confie à Ruy Blas sans connaître sa véritable identité. La tension monte alors que Don Salluste prépare un plan pour révéler la véritable identité de Ruy Blas et ainsi déshonorer la Reine. La pièce culmine dans une série d’événements où l’amour, le devoir et la vengeance se confrontent, menant à une fin aussi poignante qu’inattendue.

La fin de l’œuvre

À la fin de « Ruy Blas, » la tension atteint son apogée avec des développements dramatiques et des révélations poignantes. Le personnage principal, Ruy Blas, est un valet qui, par un concours de circonstances orchestré par son maître Don Salluste, se retrouve déguisé en noble pour séduire la Reine d’Espagne et se venger d’elle. Cependant, ce qu’il ne pouvait prévoir, c’est qu’il tomberait véritablement amoureux de la Reine et elle de lui.

Le dénouement commence lorsque Ruy Blas, épris de culpabilité et de fidélité à son rang, décide de révéler la vérité à la Reine. Dans un moment de désespoir, il avoue son identité et son rôle dans la machination de Don Salluste. La Reine, bouleversée par cet aveu, éprouve une profonde tristesse mais aussi une certaine compréhension de l’âme torturée de Ruy Blas.

C’est alors qu’intervient Don Salluste, personnage infâme et manipulateur, qui vient confirmer les dires de Ruy Blas et exposer toute l’étendue de son plan machiavélique. Cette confrontation met en lumière la noblesse d’esprit de Ruy Blas, qui se livre entièrement à la Reine, acceptant son destin avec dignité et courage.

L’apogée tragique se produit lorsque Don Salluste tente de forcer la Reine à signer un document en accablant Ruy Blas de fausses accusations. Refusant de voir sa véritable nature avilie plus longtemps et voulant échapper à cette manipulation abjecte, Ruy Blas choisit un acte de bravoure suicidaire. Il poignarde Don Salluste, anéantissant ainsi le cerveau derrière toute la sordide conspiration.

Cependant, la résolution n’apporte guère de réjouissance. Conscient qu’il ne peut vivre dans la honte et que son amour avec la Reine est impossible, Ruy Blas consomme une fiole de poison. La Reine, en proie à un chagrin insurmontable, exprime une dernière fois son amour et sa gratitude envers Ruy Blas, mais elle est impuissante à le sauver. La tragédie se scelle alors que Ruy Blas succombe dans les bras de la Reine, leur amour condamné par les contraintes de la société et les manipulations vicieuses de Don Salluste.

Les derniers moments de l’œuvre résonnent de manière poignante. La Reine, désormais seule, doit faire face à la réalité cruelle de son pouvoir et des sacrifices qu’il implique. La mort de Ruy Blas incarne l’anéantissement de ses espoirs personnels mais laisse également une empreinte indélébile de son héroïsme et de son intégrité.

En somme, la fin de « Ruy Blas » est une tragédie classique, où les applaudissements n’effacent pas les larmes et où l’amour véritable, bien que révélé et partagé, ne trouve pas sa place dans le monde impitoyable des intrigues politiques et sociales. C’est une fin marquée par le sacrifice, l’honneur et l’inévitable destruction causée par la collision des mondes opposés du pouvoir et du peuple, des classes et des passions.

Analyse et interprétation

Ruy Blas, de Victor Hugo, plonge profondément dans des thèmes universels et intemporels, offrant une riche matière à analyse et interprétation. La fin de cette pièce de théâtre est particulièrement significative et mérite une attention particulière.

Thèmes importants abordés

La pièce Ruy Blas aborde plusieurs thèmes : l’injustice sociale, la dualité entre le pouvoir et la vulnérabilité, et la lutte contre la corruption. La différence des classes et les aspirations à la grandeur sont des éléments prédominants. Ruy Blas, un valet amoureux de la reine, incarne la noblesse de l’âme face à une société inégalitaire.

Le jeu de mascarade et le déguisement sont aussi des motifs récurrents révélant des vérités profondes. Les amalgames entre identité apparente et véritable jettent une lumière crue sur la superficialité des statuts sociaux tout en soulignant la profondeur d’émotions et de vertus.

Analyse de la fin

À la fin de Ruy Blas, après avoir été démasqué, Ruy Blas, en valet fidèle mais déçu, prend une décision drastique. Il offre à la reine, qu’il aime inconditionnellement, la vérité de son identité et termine en se suicidant par poison. Ce dénouement hautement tragique est aussi empreint de grandeur. Ruy Blas, en se sacrifiant, révèle sa pureté et sa grandeur d’âme, contrastant fortement avec la corruption et l’hypocrisie des personnages de la cour.

Ce sacrifice sans condition démontre la profondeur de l’amour de Ruy Blas, mais aussi son désespoir face à un système sociopolitique qu’il ne peut briser. La reine, quant à elle, face à cette révélation, est bouleversée et se retrouve confrontée à la réalité de ses sentiments, arrachant le masque de son rôle imposé par la société.

Interprétations de la fin

Une interprétation sérieuse de cette fin met l’accent sur le triomphe ultime de la vertu et de la pureté morale sur la corruption. Ruy Blas, malgré sa position de valet, s’élève moralement bien au-dessus des aristocrates de la cour. Son suicide n’est pas un acte de faiblesse, mais plutôt un ultime geste de liberté et d’amour véritable. Cette interprétation met en lumière la critique de Victor Hugo sur les structures sociales et politiques de son temps, dénonçant l’injustice et la vanité des classes supérieures.

D’une autre perspective, envisageons une interprétation plus légère. La fin pourrait être vue comme une critique ironique de l’amour romantique à travers des actes souvent irrationnels et tragiques. Imaginez que Ruy Blas, au lieu de succomber au poison, ait été sauvé in extremis, découvrant que la reine n’était qu’éphémèrement impressionnée, préférant finalement un suitor plus conforme à son rang. Cela pourrait illustrer un décalage humoristique entre aspirations idéalisées et réalité pragmatique, ponctuant l’œuvre de Hugo d’une touche d’absurdité narrative. Cette vision ludique offrirait un contrepoint rafraîchissant à l’interprétation traditionnelle, tout en conservant la critique sociale sous-jacente.

En somme, la clôture de Ruy Blas est un chef-d’œuvre de dramaturgie à la fois tragique, émotive et profondément critique, laissant place à de multiples interprétations et analyses, chacune enrichissant la compréhension globale de l’œuvre de Victor Hugo.

Suite possible

Suite sérieuse et probable :
Si Victor Hugo avait opté pour une suite plausible à « Ruy Blas », il pourrait avoir exploré les répercussions politiques et émotionnelles de la mort du héros. La déchéance de Don Salluste trahit un sombre panorama de la noblesse espagnole, ouvrant ainsi de nouvelles possibilités pour une réforme sociale et politique. Doña Maria, ayant été témoin du sacrifice de Ruy Blas, pourrait prendre une position plus active dans les affaires politiques, cherchant à honorer sa mémoire en œuvrant pour les opprimés. Peut-être, avec l’aide d’autres personnages éclairés, la Reine pourrait-elle promouvoir un certain progrès social malgré les intrigues de l’aristocratie. En parallèle, les sujets modestes, inspirés par l’héroïsme de Ruy Blas, pourraient entamer une rébellion silencieuse mais déterminée contre les injustices, plantant les graines d’un changement durable dans la société espagnole du XVIIe siècle.

Suite extravagante :
Imaginons que « Ruy Blas » prenne un tournant complètement inattendu avec une réapparition miraculeuse du héros. Contre toute attente, Ruy Blas n’est pas mort après avoir été empoisonné mais a été secrètement sauvé par une mystérieuse société secrète dévouée à combattre l’injustice. Pendant ce temps, da Silva, son fidèle ami, découvre une prophétie ancienne prédisant le retour d’un roi paladin qui restaurera l’honneur et la justice en Espagne. Ensemble, avec l’aide d’anciens et de nouveaux alliés, y compris une troupe de vagabonds et de saltimbanques, Ruy Blas décide de reprendre sa lutte incognito, voyageant sous un nouveau nom pour poursuivre les idéaux qu’il chérissait. La suite pourrait alors dévoiler des aventures hautes en couleur, des subterfuges périlleux et des complots rocambolesques, tout cela dans une quête ultime pour redonner espoir et dignité aux humbles.

Conclusion

« Ruy Blas » de Victor Hugo reste une œuvre fascinante, ne serait-ce que par la manière dont elle explore les thèmes universels de l’amour, de la justice sociale, et de la trahison, tout en brossant un tableau vibrant de l’Espagne du XVIIe siècle. La fin tragique de l’histoire soulève des questions pertinentes sur le pouvoir, le sacrifice et l’aspiration à un monde meilleur. La richesse thématique et la complexité des personnages font de ce drame une pièce non seulement captivante mais aussi intemporelle.

Qu’il s’agisse de contempler une suite réaliste où les actions de Ruy Blas laissent un héritage durable, ou d’imaginer des tournants plus audacieux et inattendus, le chef-d’œuvre de Hugo continue de se prêter à de nombreuses interprétations et spéculations. La morale de l’histoire, elle, reste claire : même le plus humble des hommes peut provoquer des changements significatifs, un thème qui résonne encore puissamment aujourd’hui.

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