Contexte de l’histoire de l’œuvre
Romulus le Grand est une pièce de théâtre publiée en 1950 par le dramaturge suisse Friedrich Dürrenmatt. Cette œuvre satirique, sous-titrée « Une comédie historique sans histoire », offre une relecture des derniers jours de l’Empire romain d’Occident sous le règne de Romulus Augustule. Dürrenmatt, connu pour son habileté à mêler le comique et le tragique, utilise ici l’histoire pour aborder des questions contemporaines à travers un décalage cynique et une caricature mordante.
Romulus Augustule, ou Romulus le Grand, est un empereur fictif au sein de cette œuvre, qui est présenté comme indifférent à l’effondrement imminent de son empire. Dürrenmatt met en scène une Rome qui ne se soucie plus de sa grandeur passée mais s’abandonne à une sorte de fatalisme et d’absurdité. Romulus, en tant que personnage central, symbolise le détachement et l’anti-héros par excellence, tournant le dos à l’histoire et aux attentes de son époque.
Résumé de l’histoire
Romulus le Grand se déroule au cours des derniers jours de l’Empire romain d’Occident en 476 après J.-C. L’empire, dirigé par Romulus Augustule, est sur le point d’être envahi par les hordes germaniques commandées par Odoacre. Contrairement à ce que l’on pourrait attendre d’un empereur dans de telles circonstances, Romulus est singulièrement apathique et se préoccupe davantage de ses poules que de la situation critique de son empire.
L’intrigue revient sur les divers personnages de la cour de Romulus, chacun essayant de le convaincre de prendre des mesures pour sauver Rome. Mais Romulus, qui a vu de nombreux empires s’effondrer, reste imperturbable et envisage même la chute de Rome avec un certain détachement philosophique et ironique. Son attitude désinvolte et son humour noir frustrent ses conseillers et les chefs militaires, qui tentent de le sortir de son indifférence.
Parmi les personnages importants, on trouve Julia, l’épouse de Romulus, qui n’accepte pas le comportement de son mari, et Zénon, un jeune philosophe grec plein de bonnes idées mais souvent ignoré. Les diplomates et les généraux vont et viennent, apportant des nouvelles de plus en plus alarmantes sur les avancées d’Odoacre, mais rien ne semble pouvoir troubler la placidité de Romulus.
À mesure que les événements progressent, il est clair que Romulus a renoncé à la bataille bien avant que les envahisseurs n’atteignent les portes de Rome. Il accueille leur venue comme une fin inévitable et naturelle de l’histoire de l’empire. Au fur et à mesure, il dévoile ses véritables intentions : sa passivité est une forme de résistance non violente, une tentative de mettre fin pacifiquement à la décadence de Rome en remettant le pouvoir à l’envahisseur. Romulus voit dans cette transition une opportunité de renouvellement.
La pièce se termine sur une note d’ironie mordante alors que Romulus, dans sa philosophie stoïque et son humour absurde, accepte son sort. Le public est laissé à méditer sur les conséquences de son inaction et sur les cycles inéluctables de l’histoire que Dürrenmatt dépeint avec une plume acérée et percutante.
La fin de l’œuvre
La fin de « Romulus le Grand » de Friedrich Dürrenmatt est un crescendo de l’absurdité intelligente qui caractérise toute la pièce. Romulus Augustule, l’Empereur romain, est au cœur du chaos qui marque la chute de l’Empire d’Occident. Tout l’imaginaire historique est tourné en dérision alors que la pièce se dirige vers sa conclusion.
Alors que les troupes barbares menées par Odoacre approchent dangereusement de sa résidence, Romulus semble paradoxalement impassible. Plutôt que de diriger des campagnes militaires pour sauver Rome, il préfère consacrer son temps et ses ressources à élever des poules, ce qui symbolise son désintérêt pour la gloire et l’apparat impérial.
Le ministre de Romulus, Zénon, ainsi que d’autres membres de la cour, essayent désespérément de le convaincre de se battre pour sauver l’Empire. Cependant, Romulus rejette toutes les propositions guerrières et se moque même des insignes impériaux, traitant ses fonctions avec une apathie cinglante. Le spectateur est dès lors plongé dans une atmosphère de résignation ironique.
Au moment où Odoacre fait irruption dans le palais, s’attendant à trouver une résistance vaillante, il se retrouve face à un Empereur indifférent à son propre destin. La confrontation attendue entre Romulus et Odoacre prend un tournant inattendu. Au lieu de se lancer dans une bataille sanglante, Romulus engage une conversation avec Odoacre, révélant sa philosophie pacifiste et son désir de voir Rome chuter. Il préfère une défaite définitive plutôt que de prolonger l’agonie de l’Empire.
Romulus donne les clés de l’Empire à Odoacre dans un acte d’auto-abdication volontaire. Cet acte est une critique acerbe des valeurs militaristes et expansionnistes qui ont mené Rome à sa décadence. Au lieu d’une fin tragique propre aux grandes épopées historiques, ce passage marque une satire profondément philosophique.
Dans le dernier acte, Odoacre, confus mais respectueux face à l’attitude stoïque de Romulus, offre à ce dernier une vie paisible loin des conflits impériaux. Romulus accepte tranquillement, continuant à s’occuper de ses poules. La dernière image est celle d’un Empereur déchu trouvant la sérénité dans la simplicité et le détachement, en complète opposition à la grandeur impériale.
En résumé, la fin de « Romulus le Grand » nous offre un dénouement anti-héroïque où la chute de l’Empire romain n’est pas une tragédie noire et cataclysmique, mais une comédie satirique. Romulus, en se retirant volontairement des affaires de l’État, offre une critique mordante des ambitions politiques et militaires, remettant en question la vanité du pouvoir et dressant un portrait ironique du déclin de Rome.
Analyse et interprétation
L’œuvre théâtrale de Friedrich Dürrenmatt, « Romulus le Grand », est une satire politique, et comme toute satire digne de ce nom, elle se termine sur une note aussi complexe que révélatrice. La fin de cette pièce, avec la chute de l’Empire romain et le refus du protagoniste de prendre des actions décisives, se prête à une multitude d’analyses.
Thèmes importants abordés
La pièce explore plusieurs thèmes cruciaux, dont l’inévitabilité historique, le rôle de l’individu dans le destin collectif, la passivité face à la catastrophe imminente, et une critique subtile du pouvoir. Romulus, en tant que dernier empereur, symbolise un leadership volontairement inefficace. Son refus de prendre au sérieux les menaces barbares est une allégorie de la négligence et de la complaisance des classes dirigeantes.
Analyse de la fin
À la fin de la pièce, Romulus reste impassible face à l’invasion des Germains. Il préfère se consacrer à son élevage de poules plutôt qu’à défendre son empire. Cette inaction est stupéfiante et laisse les spectateurs avec un sentiment d’incrédulité. Romulus accueille même Odoacre, le roi des Germains, de manière presque chaleureuse. L’empereur explique ses actions en rationalisant qu’il est peut-être préférable que l’Empire romain tombe, arguant que la civilisation romaine est corrompue et mérite d’être purgée.
Interprétations de la fin
Une interprétation sérieuse de cette fin est que Dürrenmatt critique l’apathie et la fatalité au sein des hautes sphères du pouvoir. Romulus représente une élite dirigeante qui a perdu tout sens des responsabilités et qui accepte la défaite non par courage, mais par lassitude et cynisme. L’empereur illustre aussi le thème de l’inévitabilité historique : certaines forces sont si puissantes que les actions humaines peuvent parfois sembler dérisoires face à elles. Les spectateurs peuvent voir dans cette résignation un miroir de leur propre monde, où les dirigeants peuvent choisir de détourner les yeux des problèmes graves jusqu’à ce qu’il soit trop tard.
Pour une interprétation plus légère, la fin pourrait être vue comme une satire de la bureaucratie et de l’ineptie. Romulus pourrait être perçu comme un personnage comique qui se moque de l’absurdité des structures de pouvoir, préférant s’occuper de ses poules que de gouverner un empire. Imaginez Romulus comme un chef de corporation moderne, obsédé par des détails insignifiants au détriment de décisions cruciales pour le bien commun. La scène finale pourrait alors être lue comme une critique hilarante des priorités renversées de nos dirigeants contemporains.
En somme, la fin de « Romulus le Grand » de Friedrich Dürrenmatt est multiforme, offrant un spectre d’interprétations allant de l’avertissement solennel sur les conséquences de la passivité et de l’inaction, à une farce qui tourne en ridicule la gravité avec laquelle nous contemplons le pouvoir et le leadership. Quel que soit l’angle adopté, la pièce demeure un miroir provocateur et poignant de la condition humaine face à la chute inévitable des empires et des idées.
Suite possible
Suite sérieuse et probable
Si Friedrich Dürrenmatt avait envisagé une suite à « Romulus le Grand », elle aurait probablement poursuivi l’exploration de thèmes tels que le déclin d’un empire, la responsabilité des dirigeants et le cynisme face à l’histoire. Une suite sérieuse pourrait suivre les conséquences directes des choix de Romulus, notamment comment l’Empire romain tente de se réorganiser sous la nouvelle donne politique.
Les personnages principaux pourraient être confrontés à de nouveaux défis alors qu’ils tentent de reconstruire l’Empire sur les ruines du passé. Le successeur de Romulus, avec ou sans son influence, pourrait incarner une nouvelle vision, plus proactive et moins fataliste. Il serait intriguant de voir comment la noblesse, les citoyens et les nouveaux dirigeants réagissent à la perte ou à la transformation de leurs traditions impériales.
La suite pourrait explorer la tension entre les vestiges du passé et les nécessités du renouveau. Les conspirations internes, les luttes pour le pouvoir et les menaces externes (barbares et autres territoires cherchant à profiter de la faiblesse de l’Empire) formeraient un cadre naturel pour développer l’intrigue. La question de la légitimité du pouvoir, après la chute d’un régime incapable de se défendre, serait un thème central. De nouveaux personnages pourraient apparaître, porteurs des idéaux de réformation ou de conservation, mais déstabilisés par le poids d’un passé glorieux en contraste avec un présent morose et incertain.
Suite inattendue et divertissante
Pour une suite plus inattendue, imaginons une continuité avec un style humoristique dans la veine de Dürrenmatt. Romulus, ayant feint sa propre mort ou s’étant échappé d’une manière rocambolesque, pourrait entreprendre un voyage incognito à travers l’ancien Empire romain. Sous un déguisement, il observe comment les citoyens ordinaires et les administrateurs gèrent l’absence de leur empereur.
Chaque village ou ville pourrait réagir différemment à la chute de l’Empire, avec des situations comiques et absurdes à chaque tour. Romulus pourrait rencontrer un groupe hétéroclite de personnages, notamment un philosophe déchu, un soldat superstitieux et un paysan qui ne sait rien d’autre que cultiver ses champs. Ils foreseraient tous un joyeux désordre, reflet sarcastique de ce que devait représenter l’ordre impérial.
Puis, Romulus pourrait finir par se voir comme une figure mythique, un héros populaire dont la disparition ajoute à la légende. Le périple serait autant une quête introspective pour le personnage qu’une satire spirituelle de la société romaine, portant sur l’identité et la mémoire historique. L’humour résiderait dans les malentendus, les rencontres improbables et les situations extravagantes qui révèlent l’humanité persistante sous les décombres impériaux.
Conclusion
« Romulus le Grand » de Friedrich Dürrenmatt est une œuvre complexe et fascinante qui combine réflexion philosophique, satire sociale et drame historique. La fin de l’œuvre ouvre des possibilités de continuité aussi sérieuses que cocasses.
En imaginant une suite, qu’elle soit profonde et empreinte de la détresse d’une société en crise ou pleine d’humour avec des aventures imprévues, nous explorons une richesse thématique et narrative unique. Cette exploration nous rappelle que, de l’histoire sérieuse aux fantasmes les plus farfelus, l’humanité cherche toujours à comprendre et à contextualiser son existence face à la grandeur et à la décadence. La leçon que Dürrenmatt nous laisse est que les histoires de fin et de renouveau sont inextricables, chaque acte de conclusion marquant également un nouveau départ.
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