Contexte de l’histoire de l’œuvre
Réalisé par Sidney Lumet et sorti en 1976, Network, main basse sur la télévision (titre original : Network) est une satire mordante du monde des médias et de la télévision. Le scénario, écrit par Paddy Chayefsky, a remporté l’Oscar du meilleur scénario original, et le film a également décroché trois autres Oscars : meilleur acteur pour Peter Finch, meilleure actrice pour Faye Dunaway et meilleure actrice dans un second rôle pour Beatrice Straight. Le film se démarque par sa critique acerbe de la commercialisation et de l’éthique dans le journalisme télévisuel.
Network se déroule dans les coulisses d’une chaîne de télévision fictive nommée UBS. Joué contre le contexte des années 1970 en Amérique, une époque marquée par des changements sociaux et politiques turbulents, Network réfléchit sur les limites débridées du capitalisme et de l’influence grandissante des médias de masse dans la société. Le slogan souvent cité du personnage principal, Howard Beale, « I’m as mad as hell, and I’m not going to take this anymore! », encapsule parfaitement le sentiment de frustration et de désenchantement de l’époque.
Résumé de l’histoire
Le film commence avec la nouvelle choquante du licenciement imminent de Howard Beale (Peter Finch), un présentateur de nouvelles vieillissant et déprimé qui travaille pour UBS. Après avoir appris qu’il sera renvoyé, Beale annonce, en direct à la télévision, qu’il se suicidera lors de sa dernière émission. Cette déclaration entraîne une vague de panique parmi les dirigeants de la chaîne, mais aussi une hausse inattendue de l’audience. Dans un coup de théâtre, la productrice ambitieuse Diana Christensen (Faye Dunaway) voit en Beale une opportunité d’augmenter les cotes d’écoute et pousse pour qu’il reste à l’antenne.
Beale devient rapidement un prophète de l’apocalypse à l’écran, criant contre les injustices et la corruption qu’il voit dans la société moderne. Il incite le public à se lever et à crier par les fenêtres : « I’m as mad as hell, and I’m not going to take this anymore! » Sa popularité monte en flèche, et son émission devient un énorme succès. Diana, avide de succès, pousse toujours plus loin les limites éthiques pour assurer des audiences spectaculaires.
Parallèlement, Max Schumacher (William Holden), le directeur des informations et vieil ami de Beale, lutte pour conserver un semblant de respectabilité journalistique. Sa relation personnelle et professionnelle avec Diana se complique alors que leurs idéaux respectifs entrent en conflit. Max finit par quitter sa femme pour Diana, mais la nature emblématique et déshumanisée de leur relation entraîne une rupture avec ses valeurs et lui-même.
Alors que Beale continue à se détériorer sous la pression de sa figure messianique des médias, il expose une affaire de corruption impliquant la propre chaîne UBS et ses partenaires commerciaux. Les hauts dirigeants de UBS, dirigés par le PDG Arthur Jensen (Ned Beatty), interviennent et organisent une réunion effrayante avec Beale, au cours de laquelle Jensen le convainc de prêcher un message de soumission au nouvel ordre mondial économique.
Malgré la surprenante obéissance de Beale face à Jensen, le public se désintéresse rapidement de ses diatribes moralisatrices. Son influence et son attrait pour l’audience déclinent, menaçant les cotes d’écoute sur lesquelles Diana et UBS comptent pour leur succès continu.
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La fin de l’œuvre
À la fin de « Network, main basse sur la télévision », le récit atteint son paroxysme lorsque le destin de Howard Beale, le présentateur mégalomane devenu prophète des ondes, se joue dans les coulisses de la chaîne de télévision UBS. Son personnage, interprété par Peter Finch, est passé de journaliste sérieux à une sorte de messie médiatique criant des vérités inconfortables en direct. Cette transformation, bien que spectaculaire, commence à poser problème lorsque ses discours commencent à impacter négativement les intérêts commerciaux de la chaîne.
Ce qui se passe ensuite est une démonstration saisissante du cynisme et de la brutalité de l’industrie télévisuelle. Diana Christensen (Faye Dunaway), directrice ambitieuse des programmes, et Frank Hackett (Robert Duvall), cadre supérieur, décident qu’il est plus rentable de se débarrasser physiquement de Beale plutôt que de simplement l’éjecter de l’antenne. En conséquence, un plan diabolique est mis en place pour assassiner Beale en direct, sur son propre plateau de télévision.
Le climax de cette tragédie noire se déroule dans les dernières minutes du film. Tandis que Beale s’apprête à livrer un autre de ses discours enflammés, des membres d’un groupe révolutionnaire, manipulés par la chaîne, pénètrent dans le studio armés de fusils. La scène est d’une violence choquante mais parfaitement orchestrée, les caméras capturant en gros plan la mort de Beale devant des millions de téléspectateurs.
Les révélations sont brutales : en assassinant Beale en direct, UBS capitalise sur la nature sensationnaliste de la télévision. La mort de Beale devient le summum du basculement de la télévision vers l’exploitation totale et inhumaine de l’émotion et du sensationnalisme pour des fins de profit.
Cet acte ultime expose la terrible résolution : dans un monde où les cotes d’écoute et les profits prévalent sur l’humanité et l’éthique, toute trace de morale est anéantie. Diana, machiavélique et détachée, résume froidement la mentalité de ce monde télévisuel sans scrupules. Le personnage de Max Schumacher (William Holden), ancien directeur de l’information, est le témoin désabusé de cette déchéance morale, incarnant l’échec des valeurs traditionnelles face à l’avidité insatiable du capitalisme des médias.
La fin choquante de « Network » est donc une dissection impitoyable de l’inhumanité du système médiatique contemporain et de sa capacité à détruire pour divertir. C’est une conclusion qui ne laisse aucune place à l’ambiguïté ou à l’optimisme, marquant les esprits par son audace et son dénouement tragique. Howard Beale meurt en martyre des médias qu’il souhaitait dénoncer, un témoignage percutant du pouvoir dévorant de la télévision.
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Analyse et interprétation
Network, main basse sur la télévision de Sidney Lumet est une œuvre qui transcende sa simple narration pour se transformer en une critique acérée de la société moderne des médias, particulièrement celle des années 1970 aux États-Unis. La fin du film renforce cette critique de façon spectaculaire.
À la fin du film, nous assistons à l’assassinat en direct de Howard Beale, le présentateur de nouvelles devenu prophète médiatique en proie à des crises de colère cathartiques, par des terroristes sur ordre des dirigeants de la chaîne de télévision UBS. Cet incident est prévu comme le point culminant d’une dégringolade orchestrée par les dirigeants de la chaîne, lesquels ne voient en Beale qu’un outil pour accroître les audiences.
L’événement clé de cette fin dramatique est la dénonciation par Howard Beale des compromis inacceptables avec l’énorme conglomérat de l’Arabie Saoudite, qui menace de retirer ses fonds de UBS si Beale ne stoppe pas ses discours incendiaires contre le système capitaliste. La révélation clé est que les producteurs, plutôt que de déstabiliser un conglomérat puissant, préfèrent sacrifier Beale pour préserver leur assise financière et leur influence médiatique.
Le point culminant de cette fin met en lumière la déshumanisation et la marchandisation des individus dans le monde des médias. Beale, autrefois un homme d’intégrité, devient la marionnette sacrificielle d’un système qui privilégie le profit au détriment de l’éthique.
Dans une analyse plus approfondie, cette fin critique la perte d’authenticité dans les médias et la transformation des individus en produits consommables. La représentation de l’assassinat en direct fonctionne comme une méta-commentaire sur le voyeurisme du public, absorbé dans une culture de spectacle où les tragédies humaines deviennent des divertissements.
### Interprétations
#### Interprétation sérieuse
Une interprétation sérieuse de la fin de Network voit le film comme une prémonition pessimiste des excès où les médias peuvent sombrer pour maintenir leurs cotes d’écoute. L’assassinat de Howard Beale révèle la vulnérabilité des journalistes face à des pouvoirs économiques et politiques écrasants, ainsi que l’éthification de la barbarie pour le sacro-saint taux d’audience. Ce meurtre symbolise l’idée que les voix dissidentes sont écrasées par un système capitaliste impitoyable, et montre la tragédie d’un monde où l’authenticité et l’intégrité sont sacrifiées sur l’autel du profit.
#### Interprétation décalée
Une interprétation plus excentrique de la fin pourrait suggérer qu’Howard Beale n’est pas vraiment mort, mais qu’il a feint sa mort comme un acte ultime de protestation et de sabotage contre la chaîne. Dans ce scénario, Beale pourrait avoir planifié avec les terroristes pour orchestrer cette mise en scène, exposant ainsi la pourriture du système de l’intérieur et frappant les dirigeants de UBS là où ça fait mal : en révélant leur complète immoralité et leur cynisme. Une telle fin suggérerait que Beale, jusqu’à son dernier souffle supposé, a réussi à tourner le système contre lui-même, transformant son assassinat en l’ultime satire du monde médiatique.
Suite possible
Network, main basse sur la télévision, avec son message percutant et ses personnages inoubliables, pourrait très bien avoir une suite captivante. Explorons les deux voies hypothétiques qu’une suite pourrait prendre.
Suite sérieuse et probable
Dans une suite sérieuse, la chaîne UBS pourrait être confrontée à de nouvelles pressions médiatiques et économiques. Après l’assassinat choquant de Howard Beale en direct, le réseau doit faire face aux graves conséquences. La chaîne pourrait être mise sous investigation, entraînant des protections accrues sur les programmes télévisés et une réévaluation déontologique de leurs pratiques médiatiques.
Diana Christensen pourrait incarner un rôle central dans cette histoire, peut-être au sommet d’une nouvelle vague de programmation sensationnaliste. Bien que secouée initialement par la mort de Beale, elle pourrait choisir d’ignorer toute moralité et entrer encore plus intensivement dans la course folle au sensationnalisme et aux profits. Diana voudrait réinventer la chaîne et amener des nouvelles frontières scandaleuses pour garder l’attention du public, démontrant encore plus l’avidité insatiable des chaînes de télévision modernes.
Max Schumacher, quant à lui, pourrait devenir une figure critique et oppositionnelle à l’industrie télévisuelle, publiant des essais et des livres dénonçant les maux de la télévision, essayant de racheter ses erreurs passées. La continuité de la tension entre Diana et Max serait le cœur de cette suite, posant des questions sur l’évolution de la morale face à la cupidité dans le contexte médiatique et sur la véracité du journalisme dans un monde de désinformation croissante.
De nouveaux personnages pourraient faire leur apparition, tels que des jeunes journalistes idéalistes qui rêvent de trouver une place dans le monde médiatique tout en cherchant à conserver leur intégrité. Ce contraste entre les générations pourrait susciter des discussions captivantes sur l’éthique, le journalisme et l’avenir des médias.
Autre approche possible
Pour une vision alternative de la suite, imaginez que les personnages de la série se retrouvent dans des univers complètement différents et parfois absurdes. Diana Christensen, par exemple, pourrait se retrouver à diriger une chaîne de télévision sur une autre planète où les extraterrestres cherchent à comprendre les mystères et la folie de la culture humaine. Cette chaîne, destinée à un public extraterrestre, pourrait proposer des programmes hilarants basés sur les « curiosités humaines », mélangeant comédie et satire intergalactique.
Par ailleurs, Max Schumacher pourrait devenir une sorte de Sherlock Holmes des médias, un détective de l’information qui cherche à démanteler des complots médiatiques ridicules à travers le monde. Il pourrait travailler avec une équipe de personnages excentriques, chacun avec ses propres spécialités, toutes mises en œuvre pour découvrir des vérités intemporelles cachées sous des apparences trompeuses.
Howard Beale, en tant que fantôme numérique, pourrait hanter la toile, apparaitre dans des diffusions piratées, offrant des monologues prophétiques avec des conséquences imprévisibles. Une aventure humoristique montrant un Beale facétieux pourrait virer complètement dans l’absurde, transformant ses fameuses tirades en des messages de sagesse mélangés à des boutades cocasses.
Cette suite excentrique pourrait par ailleurs explorer les ramifications du journalisme dans des contextes fantastiques, où les écarts de la réalité apporteraient des commentaires acerbes sous une apparente légèreté. En pénétrant dans des univers surréalistes, elle pourrait offrir une perspective amusante sur la manipulation médiatique et les fantasmes de pouvoir dans un contexte où presque tout est possible.
Conclusion
Network de Sidney Lumet reste une œuvre intemporelle inspectant la corruption des médias et les maux de la société consumériste. Sa conclusion marquante, avec l’assassinat en direct d’Howard Beale, est une sonnette d’alarme sur les profondes dérives de la quête d’audimat et de pouvoir dans l’industrie télévisuelle.
Envisager une suite à Network offre des perspectives riches tant sur un plan réaliste, avec les impacts concrets des événements sur l’industrie, que sur un plan de l’imaginaire, où des univers parallèles exploreraient ces mêmes thèmes sous des angles surréalistes. Les deux approches nous invitent à réfléchir plus profondément sur le comportement humain face aux médias, au pouvoir et à l’éthique.
Quel que soit le chemin suivi, une continuation de Network pourrait non seulement raviver l’intérêt pour le film original, souligner l’importance de ses thématiques, mais aussi dévoiler de nouvelles dimensions du dialogue entre médias, vérité et société, tout en séparent le spectateur entre réflexion sérieuse et rires spontanés.
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