Les Diaboliques de Jules Barbey d’Aurevilly (1874)

Les Diaboliques, Jules Barbey d'Aurevilly, littérature décadente, roman XIXe siècle, vengeance et désir, intrigues mortelles, mystère et ironie, fin exceptionnelle, tréfonds de l'âme humaine, maestria narrativeLes Diaboliques de Jules Barbey d'Aurevilly (1874)

Contexte de l’histoire de l’œuvre

Jules Barbey d’Aurevilly, écrivain, journaliste et critique littéraire français, est surtout connu pour ses œuvres qui explorent les thèmes du mysticisme, de la passion et de la morale. Publiée en 1874, « Les Diaboliques » est une collection de six récits qui met en scène des personnages mystérieux et souvent antipathiques, dont les actions et les motivations déstabilisent les normes sociales et morales de l’époque. Cette œuvre a suscité de vives réactions à sa sortie, allant jusqu’à l’interdiction temporaire pour outrage aux bonnes mœurs, ce qui n’a fait qu’ajouter à son attrait et à son succès.

« Les Diaboliques » se distingue par son style baroque et son atmosphère gothique, influencés par l’œuvre de Baudelaire et les thèmes du dandysme et du satanisme. Barbey d’Aurevilly explore les aspects les plus sombres de l’âme humaine, creusant profondément dans le vice et la perversion. Chaque nouvelle de cette collection est une plongée dans un récit diabolique où les personnages se retrouvent souvent confrontés à leurs propres démons.

La qualité de l’écriture et la profondeur des thèmes abordés ont fait des « Diaboliques » une œuvre incontournable de la littérature française. C’est un livre qui continue de fasciner par son audace et sa capacité à interroger les normes et les valeurs.

Résumé de l’histoire

« Les Diaboliques » est une collection de six récits qui dévoilent, à travers des histoires distinctes, des drames ténébreux et des intrigues sulfureuses. Chaque histoire peut se lire indépendamment, mais elles sont toutes unies par des thèmes communs : la cruauté, la vengeance, l’amour destructeur et la décadence morale.

Le premier récit, « Le Dessous de cartes d’une partie de whist », plonge le lecteur dans un duel de manipulations entre un homme séduisant mais pernicieux et une femme qui se révèle tout aussi rusée. L’intrigue se déroule lors d’une soirée mondaine où les apparences trompent et où les vérités les plus sombres sont mises à jour.

Dans « Le Plus Bel Amour de Don Juan », l’éternel séducteur, Don Juan, se retrouve au cœur d’une passion qui ne connaît pas de limites et où les rôles de victime et bourreau s’inversent de manière inattendue. Ce second récit explore les conséquences destructrices de la séduction sans limites.

« Le Bonheur dans le crime » raconte l’histoire du mariage scandaleux entre Hauteclaire Stassin et Sombreval, un couple uni par une passion ravageuse et coupable. Leur bonheur semble provenir de leurs crimes et de leurs transgressions, offrant une réflexion troublante sur les liens entre l’amour et la moralité.

La nouvelle « Le Rideau cramoisi » met en scène un jeune homme, Albert de Rudelle, et ses dangereuses affinités avec une femme mariée qui finit par succomber à ses avances. Le rideau cramoisi devient un symbole de leur liaisons dangereuses.

« À un dîner d’athées » débute par une conversation lors d’un dîner où les invités, athées convaincus, discutent des mystères de la religion et du surnaturel. L’histoire prend une tournure inattendue lorsqu’un de leurs récits met en scène un événement inexplicable, forçant chacun à réévaluer ses convictions.

Enfin, « La Vengeance d’une femme » conclut la collection avec un récit de vengeance implacable où une femme, après avoir subi l’opprobre et la disgrâce, retourne la situation contre celui qui l’a déshonorée. La violence et la justice personnelle sont au cœur de ce dernier conte.

Ces récits, complexes et subversifs, s’entremêlent pour former un tableau saisissant de la noirceur humaine, mettant en lumière les diaboliques traits d’une société où la morale est constamment mise à l’épreuve.

La fin de l’œuvre

Les nouvelles qui composent Les Diaboliques de Jules Barbey d’Aurevilly ont chacune une fin marquante, souvent brutale et choquante, marquant le destin tragique des personnages. Examinons les fins de quelques-unes des nouvelles les plus mémorables.

Dans « Le Rideau cramoisi », une des nouvelles les plus célèbres du recueil, la conclusion nous laisse dans un état de surprise et de perturbation. Après des rencontres passionnées et secrètes avec Mademoiselle de La Pommeraye, le jeune militaire Hector est retrouvé mort, habillé de vêtements de femme. La révélation qu’Hector a été assassiné est implicite, laissant un voile de mystère sur les véritables mobiles et auteurs du meurtre. La fin est un rappel cruel de la nature destructrice des passions.

Ensuite, dans « Le Bonheur dans le crime », nous suivons le couple diabolique, Hauteclaire Stassin et le Docteur Torty. Tous deux sont pris dans une spirale de crime et de désir. La fin révèle une justice implacable : Torty, ayant tué le mari d’Hauteclaire pour être avec elle, est lui-même tué par sa maîtresse. Cependant, la véritable chute ne se trouve pas dans la mort physique, mais dans la reconnaissance de leur profonde déchéance morale et spirituelle.

« La Vengeance d’une femme » explore les profondeurs de la trahison et de la vengeance. La marquise de R… se venge de son mari infidèle en poussant son amante à se suicider. À la fin, la marquise elle-même subit une transformation : de victime, elle devient bourreau, consommée par une haine qui finit par la détruire. La leçon est amère : la vengeance ne donne jamais naissance à une véritable satisfaction.

Enfin, dans « Un dîner d’athées, » la nouvelle se termine avec une révélation qui balaie le cynisme des personnages principaux. Au cours d’un dîner, des hommes discutent de façon blasphématoire de leurs croyances et de l’absence de Dieu. Toutefois, la fin dévoile que l’un des convives, le comte de Ravila de Ravilès, est pris d’une crise qui pourrait être interprétée comme une punition divine, suggérant que leur défi lancé à la divinité n’est pas sans conséquences.

Les révélations clefs dans Les Diaboliques sont donc nombreuses. Chaque histoire se termine par un retournement de situation qui accentue le caractère diabolique des protagonistes et souligne la morale de Barbey d’Aurevilly : la société est corrompue, et ses membres paient cher leurs désirs et leurs trahisons. La résolution de chaque nouvelle met ainsi en avant le dénouement inéluctable des actions amorales ou immorales de ses personnages : la mort, la folie ou une dégradation complète de leur caractère.

Les points clefs des fins des nouvelles de Les Diaboliques résident dans ces moments de révélation où l’apparence cède place à la réalité et où la dernière façade tombe. C’est dans ces instants que la véritable intention de Barbey d’Aurevilly devient claire : une critique acerbe de la décadence morale et sociale, empreinte de catholicisme et de croyance en une justice transcendante qui rattrape toujours, tôt ou tard, les protagonistes de ses écrits.

Analyse et interprétation

Jules Barbey d’Aurevilly a structuré « Les Diaboliques » comme une série de nouvelles gothiques, explorant les nuances sombres de l’âme humaine. Chaque nouvelle dévoile des personnages aux comportements déviants, souvent façonnés par des pulsions obscures et des passions interdites. Cependant, la richesse de l’œuvre réside dans son étoffe morale complexe et ses questionnements sur la nature humaine. La fin de chaque nouvelle, souvent inattendue et perturbante, mérite une analyse profonde pour en extraire la quintessence des thèmes abordés ainsi que l’interprétation des nombreux symboles qui parsèment le récit.

Thèmes importants abordés

Les thèmes centraux de « Les Diaboliques » incluent la perversion, la manipulation, la vengeance et le pouvoir des passions humaines. Barbey d’Aurevilly s’interroge sur les limites de la moralité et les facettes cachées de l’esprit humain. Par exemple, dans « Le Rideau Cramoisi », il explore les conséquences de la passion débridée et de la transgression des interdits sociaux. Dans « Le Dessous de Cartes d’une Partie de Whist », la manipulation et la vengeance sont mises en lumière de manière cinglante.

Analyse de la fin

La fin des nouvelles de « Les Diaboliques » est souvent marquée par une montée en tension qui culminent en une chute vertigineuse vers une conclusion moralement ambiguë. Prenons « Le Rideau Cramoisi » : la découverte du cadavre de la jeune femme par son amant plonge le lecteur dans une atmosphère d’étrangeté. La révélation qu’elle était atteinte de catalepsie jette une lumière sombre sur les conséquences inattendues des actions des personnages, suggérant que les passions humaines incontrôlées peuvent mener à des issues tragiquement irréversibles.

Dans « Le Dessous de Cartes d’une Partie de Whist », la révélation finale met en échec le protagoniste manipulateur, bouleversant toutes ses machinations habiles. Cette ironie amère souligne l’imprévisibilité du destin et la futilité des efforts humains pour contrôler toutes les variables du jeu social.

Interprétations de la fin

Une interprétation sérieuse de la fin des nouvelles pourrait suggérer que Barbey d’Aurevilly veut accentuer les dangers de céder à ses pulsions les plus sombres. Chaque personnage reçoit une sorte de châtiment inévitable pour leur mauvaise conduite, portant un jugement moral lourd sur leurs actes. L’auteur semble ainsi promouvoir une vision conservatrice de la moralité, où les écarts sont punis de manière inattendue mais infaillible.

Cependant, si l’on se laisse aller à une interprétation plus théâtrale, on pourrait imaginer que Barbey d’Aurevilly se complait dans la mise en scène de destins tragiquement absurdes, où la justice divine opère avec une ironie mordante. Imaginons que chaque personnage, après la mort, se retrouve embarqué dans une autre dimension dirigée par un maître du jeu sadique. Chaque nouvelle n’aurait donc été qu’un prélude à une série de châtiments infernaux orchestrés pour divertir ce démon ludique, à la manière d’une anthologie de déboires cauchemardesques.

Quelle que soit l’interprétation, la fin de « Les Diaboliques » révèle la maestria de Barbey d’Aurevilly dans l’art de l’écriture gothique et moraliste, où l’âme humaine se trouve exposée dans toute sa cruauté et sa vulnérabilité face aux passions dévastatrices.

Suite possible

Suite sérieuse et probable

Imaginer une suite sérieuse et probable aux « Diaboliques » de Jules Barbey d’Aurevilly nécessite de s’inscrire dans la continuité du style et des thèmes de l’œuvre originale. Dans cette perspective, une suite pourrait explorer davantage les retombées émotionnelles et sociales des actes des personnages dans les différentes nouvelles.

Prenons par exemple le personnage de Hauteclaire Stassin dans « Le Dessous de cartes d’une partie de whist ». Après les événements tragiques du duel, une suite pourrait se concentrer sur la manière dont Hauteclaire et le comte de Savigny gèrent les conséquences de leurs actes. Peut-être Hauteclaire s’enfoncerait-elle dans une spirale de culpabilité et de désespoir, tandis que le comte de Savigny chercherait à se racheter socialement mais serait hanté par les choix qu’il a faits. Les thèmes de la rédemption, du pardon et de la quête de soi seraient prédominants.

Une autre nouvelle inspirante est « À un dîner d’athées ». Une suite pourrait explorer les tourments intérieurs de Mme de Bressieux après avoir raconté son histoire à ses interlocuteurs. Vivra-t-elle des remords ou trouvera-t-elle une certaine forme de paix dans le fait de s’être confessée ? Les implications de ses révélations pour les autres personnages présents au dîner pourraient aussi être examinées. La dynamique entre ces individus, mise à l’épreuve par les révélations de Mme de Bressieux, pourrait donner lieu à des intrigues secondaires aussi captivantes.

Suite imaginée et fantaisiste

Pour une suite adoptant un ton plus inattendu et extravagant, envisageons un scénario où les personnages des différentes nouvelles interagissent de manière à briser les barrières narratives et historiques.

Supposons que, par un étrange concours de circonstances, les protagonistes des six nouvelles se retrouvent réunis dans une espèce de bal macabre. Hautecœur, Hauteclaire Stassin, le comte de Savigny, Mme de Bressieux et les autres personnages formeraient un casting digne d’une comédie noire. Ce bal serait organisé par un mystérieux hôte dont le but serait de les confronter à leurs actes passés et de les pousser à une forme de catharsis collective.

Peut-être ce bal se tiendrait-il dans un château étrange, avec des propriétés temporelles bizarres, où les personnages pourraient rencontrer leurs doubles plus jeunes ou plus vieux. Les interactions entre ces personnages venant d’époques et de contextes différents créeraient des situations aussi rocambolesques qu’hilarantes. Serait-il possible que l’esprit cynique et critique de Barbey d’Aurevilly transcende la mort elle-même pour orchestrer cette mascarade ? Que les invités mythiques des Diaboliques déjouent les attentes en trouvant une communauté face à l’absurde de leur situation ?

Une suite imaginaire de ce genre jouerait sur le contraste entre le fatidique et le burlesque, mettant en lumière les faiblesses et les grandeurs insoupçonnées de personnages déjà complexes. Tel serait le défi d’une fantaisie littéraire inspirée des « Diaboliques »: transcender l’horreur et le crime par le rire et l’empathie.

Conclusion

« Les Diaboliques » de Jules Barbey d’Aurevilly est une œuvre d’une grande complexité, où la noirceur de l’âme humaine est scrutée avec une précision clinique. La fin de chaque nouvelle laisse une impression indélébile de fatalité morale et d’inévitabilité tragique.

Imaginer des suites à cette œuvre, qu’elles soient sérieuses ou folles, nous invite à revisiter les thèmes fondamentaux de passion, de trahison et de rédemption qui sont au cœur de « Les Diaboliques ». Cela nous permet de célébrer l’héritage littéraire de Barbey d’Aurevilly tout en explorant de nouvelles voies narratives.

En conclusion, que l’on préfère la continuité sérieuse des destins tragiques des personnages ou l’extravagance d’une suite s’inscrivant dans la fantaisie la plus débridée, il est indéniable que « Les Diaboliques » continue d’inspirer et de captiver. Le génie de Barbey d’Aurevilly réside dans sa capacité à plonger ses lecteurs dans les tréfonds de l’âme humaine, tout en offrant des possibilités infinies d’interprétation et de ré-imagination.

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