Le Mur de Jean-Paul Sartre (1939)

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Contexte de l’histoire de l’œuvre

Jean-Paul Sartre, l’un des plus éminents penseurs du XXe siècle, est l’auteur de « Le Mur », une collection de nouvelles publiée en 1939. Cette œuvre représente un apport significatif à la littérature existentialiste, courant philosophique et littéraire explorant les thèmes de la liberté, de l’absurde, et de la condition humaine. « Le Mur » est souvent étudié en raison de sa richesse thématique et de la profondeur de ses personnages. Composé de cinq nouvelles, le recueil se distingue par une exploration sombre des dilemmes humains et des situations extrêmes.

La nouvelle éponyme, « Le Mur », se déroule pendant la guerre civile espagnole, un contexte historique qui accentue le sentiment d’urgence et de désespoir ressenti par les personnages. La guerre civile espagnole, qui a eu lieu de 1936 à 1939, opposait les forces républicaines aux nationalistes dirigés par Francisco Franco. Elle est un cadre parfait pour l’exploration des thèmes existentialistes chers à Sartre, mettant en lumière les moments de crise où les êtres humains doivent faire face à des décisions cruciales. En plus de son contexte historique captivant, « Le Mur » est noté pour sa prose dense et percutante, caractéristique du style sartrien.

Résumé de l’histoire

« Le Mur » raconte l’histoire de trois hommes – Pablo Ibbieta, Juan Mirbal, et Tom Steinbock – qui sont capturés par les forces franquistes durant la guerre civile espagnole. Enfermés dans une cellule, ils apprennent qu’ils seront exécutés au lever du jour. Cette attente angoissante de la mort imminente sert de toile de fond pour une exploration intense des émotions humaines et des réflexions existentielles.

Les trois condamnés réagissent de manière différente à la perspective de la mort. Pablo Ibbieta, le narrateur, ressasse ses souvenirs et réflexions, essayant de comprendre ce que signifie réellement mourir. Tom se crispe dans une terreur silencieuse, tandis que Juan, plus jeune, ne parvient pas à accepter la réalité de sa situation, tout en étant paralysé par la peur.

Au cours de la nuit, les trois hommes se voient offrir une chance de sauver leur vie par les officiers franquistes : il leur suffirait de donner des informations sur la cachette d’un leader républicain nommé Ramón Gris. Juan et Tom ne savent rien, et Pablo, qui savait où Gris se trouvait auparavant, choisit de garder le silence, préférant la dignité de mourir en homme libre.

À l’aube, les officiers franquistes ramènent Pablo pour un dernier interrogatoire. Lassé et désabusé, il décide de jouer un dernier tour à ses bourreaux. Il leur donne une information incorrecte, affirmant que Gris se cache dans un cimetière, pensant que cette réponse dérisoire ne changerait rien à son sort.

Suite à cette déclaration, Pablo est reconduit à sa cellule, convaincu de son exécution imminente. Cependant, à son immense surprise, les officiers franquistes reviennent après leur expédition, seulement pour lui annoncer qu’ils ont trouvé et tué Ramón Gris au cimetière. Cette ironie du sort libère Pablo, prouvant que même dans des situations les plus désespérées, l’absurde et le hasard gouvernent l’existence humaine.

La fin de l’œuvre

À la fin de « Le Mur » de Jean-Paul Sartre, nous assistons à un enchaînement de révélations et de résolutions qui captivent le lecteur. Le récit nous mène jusqu’au point culminant où Pablo Ibbieta, le protagoniste, se trouve face à une décision de vie ou de mort. Emprisonné durant la guerre civile espagnole, Pablo est condamné à être fusillé à l’aube avec d’autres prisonniers.

Dans ses derniers moments avant l’exécution, Pablo se voit offrir une étrange et troublante opportunité : s’il accepte de révéler la cachette de son camarade anarchiste Ramón Gris, sa vie pourrait être épargnée. Ibbieta, face à l’absurdité et à la brutalité de la situation, décide de donner une fausse information aux fascistes. Par ironie du sort, il mentionne un cimetière en supposant que Gris ne s’y trouverait jamais.

Dans un tournant inattendu, Pablo découvre que Ramón Gris a effectivement changé de cachette pour se réfugier dans le cimetière, précisément là où Pablo avait mentionné. Cet imprévu plonge Pablo dans une profonde réflexion et un sentiment d’absurdité extrême. Alors qu’il était certain de sacrifier son propre ami pour sauver sa vie, une pure coïncidence le pousse à accepter une conclusion amèrement ironique.

Alors que l’on imagine Pablo sombrant dans l’angoisse de son acte involontaire, il finit par rire de l’ironie de la situation, un rire non pas de joie, mais de désespoir et de prise de conscience de l’insensibilité du monde qui l’entoure. Cette fin, apparemment joyeuse, se détache en réalité sous le poids du nihilisme et du concept central de l’absurde tel qui a été décrit par Sartre.

En conclusion, la fin de « Le Mur » éclaire la philosophie existentialiste de Sartre, mettant en lumière l’absurdité de l’existence et l’ironie cruelle qui peut surgir des actions les plus calculées. La vie de Pablo est finalement épargnée, mais il est dorénavant pris au piège de sa conscience et de l’absurdité inéluctable de la condition humaine.

Analyse et interprétation

La fin de « Le Mur » de Jean-Paul Sartre est une invitation à la réflexion profonde tant sur les thèmes existentiels que sur les dilemmes moraux. À travers les personnages de Pablo Ibbieta, Tom et Juan Mirbal, Sartre trace un tableau sombre et cynique de l’existence humaine et de l’absurdité de la condition humaine.

Thèmes importants abordés

L’œuvre explore plusieurs thèmes cruciaux, mais au cœur de celle-ci, on trouve l’existentialisme et l’absurdité. Sartre utilise le cadre de la guerre civile espagnole et le concept inéluctable de la mort pour développer ces thèmes. La mise en détention des protagonistes en attente d’exécution traduit une situation où l’existence est réduite à un état de pure absurdité, où la vie perd son sens traditionnel et où les valeurs morales vacillent.

Le thème de la liberté et du choix est également omniprésent dans « Le Mur ». La décision de Pablo qui, semble-t-il, trahit Ramon Gris par pur ironie et désespoir souligne l’ambiguïté et la complexité des choix dans des situations extrêmes. Face à la mort, les valeurs et les décisions sont examinées sous une lumière crue, faisant ressortir l’essence de l’être humain.

Analyse de la fin

La fin de l’œuvre, où Pablo apprend que son mensonge a sauvé involontairement la vie de Ramon Gris, est imprégnée d’ironie et suscite diverses interprétations. Ce rebondissement inattendu souligne le contraste entre intention et résultat – une critique de la rationalité et du contrôle humain.

Interprétations de la fin

Interprétation probable

D’un point de vue sérieux et plausible, la fin peut être vue comme une illustration du thème existentialiste selon lequel les actions humaines peuvent souvent avoir des conséquences inattendues et absurdes. Même dans l’acte désespéré de Pablo, qui vise à se moquer des autorités, la réalité échappe à tous ses calculs. Cet élément renforce l’idée centrale de Sartre sur l’absurdité de l’existence : malgré nos tentatives de donner un sens à nos actions, la vie demeure imprévisible et indifférente à nos intentions.

Cette interprétation met également en lumière la notion que la liberté humaine est paradoxale. En choisissant délibérément de mentir, Pablo exerce sa liberté ultime, mais ce choix mène à une conséquence qu’il n’avait pas anticipée. Cette ironie amère souligne la nature imprévisible de la liberté.

Interprétation alternative

Pour une interprétation plus inusitée, envisageons l’hypothèse que le mur dont parle le titre ne soit pas seulement une barrière physique mais un symbole des barrières psychologiques et existentielles que les personnages construisent. D’un point de vue humoristique mais réfléchi, Pablo pourrait être vu comme ayant exercé un acte de « magie de l’absurde » destiné à tromper le destin même. Ici, Pablo devient une sorte de « sorcier existentiel » malgré lui, capable de manipuler la réalité par la simple absurdité de ses propos.

Selon cette perspective, on pourrait imaginer que Pablo a trouvé un moyen inconscient de subvertir le sérieux de la situation par l’absurdité, et que cet acte de défi ultime reflète la puissance de l’esprit humain de réinventer constamment ses propres réalités. Dans ce cadre, le mur de la prison ne serait plus une simple structure carcérale, mais un mur de possibilités infinies parmi lesquelles l’ironie et le hasard jouent ensemble pour modeler le destin des individus.

Cette double lecture de la fin de « Le Mur » enrichit ainsi l’œuvre en révélant différentes couches de signification et en engageant le lecteur dans un dialogue constant sur la nature de l’existence et la liberté.

Suite possible

Suite sérieuse et probable

Jean-Paul Sartre n’a jamais écrit de suite à « Le Mur » et il est peu probable qu’une suite littéraire ait été envisagée de son côté. Cependant, si l’on se base sur les thèmes du recueil et l’évolution des personnages, une suite sérieuse pourrait explorer les conséquences psychologiques et philosophiques des événements précédents.

Dans une hypothétique continuation, nous pourrions suivre l’évolution de Pablo Ibbieta après son inattendue libération. Ayant trahi accidentellement Ramón Gris pour sauver sa propre vie, Pablo pourrait se retrouver hanté par la culpabilité et la honte. Une suite sérieuse pourrait explorer les tourments psychologiques de Pablo, peut-être l’envoyant dans une quête pour essayer de racheter son acte involontaire de trahison. Il pourrait se tourner vers l’activisme politique avec une ferveur accrue, essayant de se réconcilier avec son identité et sa morale en temps de guerre. Sartre pourrait utiliser cette suite pour encore approfondir ses thèmes de l’absurdité de l’existence, du libre arbitre, et de l’éthique en temps de crise.

Suite originale et humoristique

Pour une suite imprévisible, imagine que Pablo Ibbieta a une sorte de révélation satirique après les événements du premier récit et décide de devenir un comédien de stand-up engagé. Fatigué de la morosité et des souffrances de la guerre, il pourrait se lancer dans une mission improbable visant à faire rire et réfléchir ses concitoyens à travers des spectacles de comédie subversive. Chaque performance serait une critique acerbe de la guerre, de la politique et de son propre acte de « trahison » accidentel, tout en ridiculisant l’absurdité de la situation politique.

Cette approche pourrait non seulement offrir un humour grinçant mais aussi servir de critique sociale intense, dans la veine de la satire politique. Pablo, devenu comédien, pourrait croiser la route d’autres personnages historiques fictifs ou réels, créant des situations absurdes et des dialogues emprunts de l’humour noir caractéristique des œuvres existentialistes.

Conclusion

Jean-Paul Sartre, à travers « Le Mur », nous offre une plongée profondément troublante dans les abysses de l’existence humaine et l’absurdité de la condition humaine en temps de crise. La fin de l’œuvre, avec cette ironie noire où Pablo Ibbieta sauve sa vie en trahissant accidentellement un ami, propose une illustration puissante des thèmes existentialistes qui caractérisent le travail de Sartre.

Les suites imaginables, qu’elles soient sérieuses ou teintées d’humour, nous permettent d’explorer encore plus loin l’aspect critique et philosophique de l’œuvre. Dans une suite sérieuse, nous pourrions voir Pablo confronté aux retombées émotionnelles et morales de ses actions, tandis qu’un virage humoristique pourrait offrir une satire mordante de l’absurdité humaine. Ces suites hypothétiques montrent la richesse et la complexité des thèmes abordés par Sartre, qui continuent à résonner et à provoquer une réflexion profonde chez les lecteurs. Quel que soit l’angle choisi, « Le Mur » reste une œuvre clé pour comprendre la vision sombre mais lucide de l’humanité selon Sartre.

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