Juvenilia de Jane Austen (1787)

Contexte de l’histoire de l’œuvre

Jane Austen, l’un des écrivains les plus renommés de la littérature anglaise, a commencé sa carrière littéraire à un âge très précoce. « Juvenilia », une collection d’œuvres écrites entre 1787 et 1793 alors qu’elle n’était encore qu’une adolescente, témoigne de son talent précoce. Cette compilation présente une série de textes courts, de lettres et de parodies qui révèlent déjà l’esprit acéré de l’auteur et son talent pour la satire sociale.

Bien que moins connues que ses romans majeurs tels que Orgueil et Préjugés et Raison et Sentiments, les œuvres de « Juvenilia » offrent un aperçu fascinant des premières influences et des thèmes explorés par Austen. L’année 1787 est significative car elle marque le début de la production littéraire d’une jeune Jane Austen, alors âgée de seulement onze ans. Ces écrits révèlent non seulement la vivacité d’esprit et le sens de l’humour de la jeune écrivain, mais aussi les premiers germes des éléments qui caractériseront ses futurs chefs-d’œuvre.

La nature fragmentaire et expérimentale de « Juvenilia » permet également d’observer comment Austen peaufine son style et développe ses critiques des normes sociales de son époque. Ces écrits incluent diverses formes narratives telles que des récits de voyage, des histoires d’amour et des comédies, offrant ainsi une vue d’ensemble de sa créativité débordante et de sa maîtrise des différents genres littéraires.

Résumé de l’histoire

« Juvenilia » est une collection hétéroclite de contes et d’anecdotes, chacun marquant une étape dans le voyage littéraire de Jane Austen. Par exemple, dans « The Beautifull Cassandra » (1779), une jeune héroïne du même nom s’engage dans une série de mésaventures à travers Londres, dont la narration rapide et comique est un précurseur aux héroïnes austeniennes plus élaborées. Cassandra, niant toutes les conventions sociales, vole honteusement une tarte aux crèmes avant de fuir et tomber dans diverses péripéties. Ses actions, glorieusement rebelles et absurdes, sont une parodie des romans héroïques populaires de l’époque.

Ensuite il y a « Love and Freindship » (1790), une parodie satirique des romans sentimentaux populaires de l’époque. Laura, l’héroïne, écrit à la fille de son ami pour lui conter sa propre histoire de passions tumultueuses et de malheurs insupportables. On y trouve les éléments typiques des récits sentimentaux caricaturés à l’extrême : des élans d’émotion constamment exacerbés, des évanouissements à répétition et des décisions impulsives. Le destin malheureux de ses amis, l’accident de son propre mariage (avec un homme rencontré quelques heures auparavant), et l’effondrement de son bonheur, sont des sujets traités avec un humour mordant.

Une autre œuvre notable dans « Juvenilia » est « Lesley Castle » (1792), une histoire inachevée qui ne pouvait qu’évoluer vers une comédie de mœurs raffinée. C’est une sorte de mosaïque épistolaire, où plusieurs correspondants relatent de manière ironique et cynique les mésaventures de leurs camarades. On y découvre des personnages caricaturaux pris dans un réseau de relations compliquées et d’intrigues sociales. Chacune des lettres offre une vue d’ensemble sur l’intellect acéré d’Austen et ses observations subtiles sur la société.

Enfin, « The History of England » (1791), est l’un des plus hilarants de la collection. Dans cet ouvrage, Jane Austen, à 16 ans, réécrit et parodie l’histoire d’Angleterre, soulignant les absurdités des récits historiques pompeux et les préjugés historiographiques. Ses résumés excentriques et ses descriptions souvent fausses des monarques anglais montrent un talent déjà exceptionnel pour la satire.

Ces divers récits, bien que disparates, sont unis par un ton satirique commun et une vivacité d’esprit qui témoigne du talent émergent de Jane Austen. Ils préfigurent les thèmes et le style qui caractériseront ses œuvres ultérieures, offrant ainsi une lecture précieuse pour quiconque cherche à comprendre l’évolution littéraire de cette grande écrivain.

La fin de l’œuvre

Les œuvres de jeunesse de Jane Austen, regroupées sous le titre général Juvenilia, comprennent plusieurs récits et pièces courtes écrites entre 1787 et 1793 par une Austen encore adolescente. Bien que chaque œuvre de la collection possède sa propre intrigue et sa propre conclusion, il est intéressant de se pencher sur quelques-unes des fins les plus marquantes pour en extraire les thèmes communs et les résolutions typiques d’une jeunesse littéraire en pleine effervescence.

À la fin de Love and Freindship, l’un des récits les plus notables de Juvenilia, nous assistons à une parodie de la littérature sentimentale de l’époque. Les héroïnes, Laura et Marianne, sont victimes de leurs caprices et de leurs comportements excessifs. Laura, en particulier, finit par être emprisonnée pour dettes après avoir perdu son mari et sa fortune. Cette conclusion est particulièrement ironique et sert de commentaire mordant sur les dangers de la sensiblerie excessive et du manque de prudence.

Dans The History of England, une autre œuvre incluse dans Juvenilia, Austen revisite l’histoire de l’Angleterre à travers un filtre très personnel et comique. L’œuvre se termine sans véritable conclusion, mais plutôt avec une critique humoristique des personnages historiques et des événements, laissant le lecteur réfléchir sur la fiabilité des récits historiques.

Quant à Catharine, ou le Cabinet, l’histoire suit Catharine Percy, une jeune femme qui désire l’amour et l’émancipation. Elle développe une affection pour Edward Stanley, mais leur relation est interrompue par l’intervention des parents de Catharine, préoccupés par des questions de convenance et de statut social. La fin est ambivalente, montrant Catharine entre l’acceptation de son sort et un brin de rébellion intérieure contre les attentes sociétales.

Les résolutions dans Juvenilia révèlent souvent les aspects absurdes et ironiques des situations sociales et des comportements humains, ce qui deviendra une marque de fabrique dans les œuvres plus matures d’Austen. Que ce soit par la satire des romans sentimentaux, la parodie historique, ou une critique des restrictions sociales imposées aux jeunes femmes, Austen utilise ses dénouements pour faire ressortir ses observations humoristiques et fines sur la société de son temps.

En somme, la fin des œuvres contenues dans Juvenilia offre une première incursion dans le style distinctif de Jane Austen. Elles sont remplies de sarcasme, d’ironie et de critiques sociales qui deviendront plus raffinées dans ses œuvres de pleine maturité. Luzes de l’humour mordant, Austen nous dévoile déjà sa capacité à comprendre et à exposer les faiblesses et les absurdités de la société qui l’entoure. C’est une révélation précoce du talent qui allait s’épanouir dans ses romans ultérieurs tels que Orgueil et Préjugés et Emma.

Analyse et interprétation

Juvenilia de Jane Austen, une série de pièces courtes écrites durant l’adolescence de l’auteur, est particulièrement fascinante en raison de la profondeur et de la perspicacité qui transparaissent déjà dans son écriture. Les thèmes abordés sont nombreux et variés, témoignant de l’étendue des préoccupations de l’auteur dès son jeune âge.

L’un des thèmes essentiels dans Juvenilia est l’importance de l’esprit et de l’intelligence, souvent mis en avant par des personnages aux répliques mordantes et sagaces. Austen met en scène des héros et héroïnes qui, malgré leur jeunesse, possèdent une forme d’intuition et d’acuité d’esprit qui les différencie nettement des autres personnages. Ces qualités les aident à naviguer dans un monde social complexe, souvent marqué par des conventions rigides et restrictives.

À la fin de l’œuvre, nous observons une résolution qui n’est pas sans rappeler les thématiques que Austen développe plus tard dans ses romans majeurs. Les personnages qui réussissent ne sont pas forcément ceux qui recherchent uniquement le prestige ou l’approbation sociale, mais ceux qui savent faire preuve de discernement et de retenue, privilégiant les relations sincères à des positions avantageuses mais insincères.

En ce qui concerne l’interprétation de la fin, plusieurs éléments sont à noter. D’une part, nous pouvons voir cette conclusion comme une affirmation de la valeur de la sincérité et de la moralité. Les personnages honnêtes, dotés d’un sens moral solide, finissent par trouver le bonheur et la reconnaissance, alors que ceux qui restent trop attachés aux conventions sociales et aux apparences sont sanctionnés par l’échec ou l’isolement.

D’autre part, une interprétation alternative plus légère serait de voir ces résolutions comme un clin d’œil à la propre vie de Jane Austen, une ironie douce-amère sur le peu de changement dans les dynamiques sociales, mêmes des siècles plus tard. Par exemple, imaginons que l’ensemble des personnages se retrouvent dans une situation absurde, comme un bal masqué où tout le monde échange de partenaires sans s’en rendre compte jusqu’à la fin. Cette lecture pourrait suggérer que, malgré les tentatives d’échapper aux conventions, on se retrouve souvent à faire face aux mêmes réalités sociales, peu importe nos efforts pour les contourner.

En résumé, la fin de Juvenilia nous offre une double interprétation : une leçon sérieuse sur la valeur de la sincérité et une réflexion plus ludique sur l’inefficacité des subterfuges sociaux. Ces thèmes trouvent un écho profond dans toute l’œuvre d’Austen, illustrant sa capacité à marier critique sociale et humour mordant.

Suite possible

Suite sérieuse et probable

Dans une suite sérieuse et probable des œuvres « Juvenilia » de Jane Austen, nous pourrions imaginer une évolution des personnages principaux vers des vies adultes plus établies, reflétant mieux la sophistication des œuvres ultérieures de l’auteur. Les jeunes héroïnes de Juvenilia, dotées de leur esprit vif et de leurs ambitions, pourraient trouver des chemins vers une maturité plus profonde, où leurs défis amoureux et sociaux seraient traités avec une sensibilité plus nuancée. Les rencontres fortuites pourraient se transformer en amours durables, les rivalités deviennent des alliances et les erreurs juvéniles laissent place à des actions plus réfléchies. Ce développement aurait pour but de montrer les progrès personnels et sociaux des personnages, tout en restant fidèle à l’ironie subtile et à l’humour charmant typiques de Jane Austen.

Suite créative et surprenante

Dans une version plus créative et surprenante de la suite, imaginons que les personnages de Juvenilia découvrent des portails magiques vers d’autres époques ou univers. Ces personnages, habitués aux sociétés strictes et aux mœurs anglaises de leur temps, sont soudainement plongés dans des situations anachroniques ou fantastiques. L’héroïne principale pourrait faire face à des dilemmes incroyables, comme résoudre un mystère dans une époque future ou naviguer dans une société différente où les normes sociales sont renversées. Poussés par l’esprit d’enquête et leur curiosité, ils parviennent à s’adapter, tout en apportant leurs propres marques d’élégance et de raisonnement, et peut-être même en influençant ces mondes parallèles avec leurs valeurs austeniennes.

Conclusion

En somme, « Juvenilia » de Jane Austen est une œuvre captivante qui offre une fenêtre sur le développement de l’un des esprits les plus brillants de la littérature anglaise. La conclusion laisse entrevoir des possibilités infinies pour les personnages : des trajectoires réalistes vers des vies adultes plus sages aux aventures fantastiques. Jane Austen, à travers ses premiers écrits, montre déjà une compréhension aiguë des interactions humaines et des vastes champs d’exploration des désirs et des motivations individuelles. Approfondir ces jeunes espoirs et ces idées dans une suite magnifierait encore plus le génie subtil et l’humour gentiment satirique d’un auteur qui continue de captiver des générations de lecteurs.

Tags : Juvenilia Jane Austen, œuvres de jeunesse, humour acéré, satire brillante, trésor littéraire, personnages mémorables, intrigues ingénieuses, fin exceptionnelle, captivant les lecteurs, romans de jeunesse