Dom Juan de Molière (1665)

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Contexte de l’histoire de l’œuvre

Dom Juan, aussi connu sous le titre complet Dom Juan ou le Festin de Pierre, est une comédie en cinq actes de Molière, représentée pour la première fois en 1665. Cette œuvre majeure de la littérature classique française est, tout comme Tartuffe et Le Misanthrope, une critique acerbe des mœurs et des attitudes de l’époque. Molière y explore les thèmes de l’hypocrisie, de l’impiété et de la séduction, en centrant son intrigue autour de son personnage éponyme, Dom Juan, un libertin arrogant et impénitent.

La pièce a été publiée pour la première fois en 1682, après la mort de Molière. Dom Juan se distingue par sa structure audacieuse qui mélange des éléments de comédie et de tragédie, et par son ouverture d’esprit qui défie les conventions sociales et religieuses de son temps. Elle s’inscrit dans la tradition littéraire du personnage de Don Juan, une figure incontournable de la culture européenne née de la légende espagnole du Burlador de Sevilla.

Résumé de l’histoire

La pièce s’ouvre sur un dialogue entre Sganarelle, le valet, et Gusman, le serviteur d’Elvire, une femme abandonnée par Dom Juan après qu’il l’a courtisée et épousée. Sganarelle dépeint d’emblée son maître comme un séducteur invétéré, un athée et un mécréant. Dom Juan fuit ses responsabilités envers Elvire et part à l’aventure, réaffirmant son mépris pour la religion et son insatiable appétit pour le plaisir charnel.

En chemin, Dom Juan continue à séduire et manipuler plusieurs femmes, ce qui attire sur lui de nombreuses inimitiés et menaces. Il sauve un pauvre paysan, Pierrot, de la noyade et courtise ensuite violemment Charlotte et Mathurine, deux paysannes. Parallèlement, il défie la statue du Commandeur, un homme qu’il a tué auparavant, en l’invitant avec arrogance à dîner, ce qui s’avérera être une erreur fatale.

Dom Juan continue son chemin de débauche en se déguisant en homme de cœur pour mendier et tromper la crédulité des gens. Sa ruse ne tarde pas à susciter une vengeance divine. Disant adieu à ses proches et refusant de se repentir, il rencontre la statue du Commandeur, venue honorer son invitation. Quand la statue tend sa main, un tremblement se produit, et Dom Juan est englouti par la terre, condamné par sa propre impiété.

La pièce se termine avec Sganarelle qui déplore non pas la perte de son maître, mais le manque de salaire qu’il n’aura jamais.

Dom Juan est une œuvre riche en rebondissements qui montre comment le personnage principal s’attire progressivement les foudres des forces célestes. Molière, fidèle à son style incisif, dresse un portrait sans concession de l’irresponsabilité morale et les dangers de l’excès, tout en offrant une critique subtile des comportements hypocrites et déviants de la société de son temps.

La fin de l’œuvre

La fin de « Dom Juan » de Molière est sans doute l’une des plus célèbres et controversées de toute la littérature classique française. Elle se déroule dans l’acte V, scène 5, et représente un dénouement à la fois théâtral et moral.

À ce stade de l’histoire, Dom Juan continue ses aventures libertines sans remords, malgré les avertissements répétés de son serviteur Sganarelle. Il s’est disputé avec son père, Don Louis, qui le menace de la colère divine s’il ne se repent pas. Cependant, Dom Juan reste indifférent et refuse de changer son mode de vie.

La scène culminante commence lorsque Dom Juan rencontre un mystérieux spectre vêtu d’un voile blanc, lequel lui donne une dernière chance de se repentir. Naturellement, notre hédoniste intrépide refuse une fois de plus de se soumettre à la morale et à la religion. Peu après, il est visité par une statue animée du Commandeur qu’il avait tué auparavant. Cette statue, représentant à la fois la justice immanente et divine, arrive pour réclamer sa vengeance.

La statue invite Dom Juan à dîner, et malgré l’étrangeté de l’invitation, il accepte. Au cours de ce repas surnaturel, la statue tend la main à Dom Juan, lui offrant encore une chance de se repentir. Fidèle à lui-même, Dom Juan rejette cette ultime possibilité, signifiant ainsi son rejet total de la rédemption. La statue serre alors sa main avec une force surnaturelle et l’entraîne aux enfers. Dans un déchaînement de flammes et de tonnerre, Dom Juan disparaît, condamné pour son impénitence et ses péchés.

Sganarelle, témoin de cette scène apocalyptique, est laissé seul sur scène. Dans un mélange de terreur et de désarroi, il prononce une réplique qui, selon les interprétations, est autant comique que tragique. Il pleure la perte de son maître, mais surtout, il se désole pour lui-même en s’exclamant : « Mes gages ! Mes gages ! Voilà mon bon génie qui s’en va en fumée ! ».

Les révélations-clefs de cette fin sont multiples. D’abord, elle consacre le refus absolu de Dom Juan de se conformer aux normes religieuses et sociales de son époque, illustrant ainsi le thème de la liberté individuelle poussée à l’extrême. Ensuite, la punition divine qu’il subit renforce l’idée que le libertinage et le mépris des valeurs morales mènent inéluctablement à la damnation. Enfin, Molière utilise la figure tragicomique de Sganarelle pour rappeler aux spectateurs la servitude et les conséquences terre-à-terre de la perte d’un maître pour les domestiques.

Les points clefs de cette dénouement ne résident pas seulement dans la chute spectaculaire de Dom Juan, mais également dans le message moral sous-jacent. La justice divine est inéluctable et finit toujours par rattraper ceux qui cherchent à défier les lois morales de manière implacable. Molière fait ainsi un brillant usage du fantastique pour livrer une leçon intemporelle sur les conséquences des actions humaines.

En somme, la fin de « Dom Juan » réunit éléments comiques, tragiques et moraux pour offrir un dénouement percutant et mémorable, marqué par une dramaturgie intense et des symboles puissants.

Analyse et interprétation

La fin de « Dom Juan » de Molière est riche en thèmes et en symboles, offrant de multiples niveaux de signification. Pour bien comprendre cette conclusion dramatique, il est crucial d’examiner les thèmes centraux, les symboles et leurs significations profondes.

Thèmes importants abordés

Un des thèmes majeurs de l’œuvre est l’hypocrisie sociale, représentée par Dom Juan lui-même. Séducteur impénitent, Dom Juan méprise les conventions sociales et religieuses tout en manipulant les gens pour tirer parti de leurs faiblesses. Un autre thème fondamental est celui de la justice divine. Molière met en scène une punition céleste pour rappeler l’importance de la morale et des valeurs religieuses.

Analyse de la fin

À la fin, Dom Juan est confronté aux conséquences de ses actes. Lorsqu’il refuse de se repentir et continue de défier les valeurs religieuses, il est englouti par les flammes de l’enfer. Cette scène pourtant spectaculaire n’est pas uniquement une punition pour Dom Juan, mais une mise en garde pour le spectateur. Le châtiment divin apparaît comme inéluctable, ce qui renforce l’idée de la toute-puissance divine et de l’inévitable justice.

Ce dénouement dramatique est également marqué par l’apparition de la statue animée du Commandeur, qu’il a tué précédemment. La statue devient un symbole de la justice divine qui poursuit Dom Juan jusque dans ses derniers retranchements. La scène finale où les flammes de l’enfer l’engloutissent est une représentation visuelle de la damnation éternelle réservée aux impies.

Interprétations de la fin

Interprétation sérieuse :

L’interprétation la plus probable de la fin est une morale chrétienne stricte qui souligne l’inéluctabilité de la justice divine. Molière, par la destruction de Dom Juan, rappelle au spectateur que personne ne peut échapper au jugement divin. La morale de l’histoire serait que toute vie immorale et dénuée de repentir mène inexorablement à la damnation. Dom Juan, en refusant de se repentir à plusieurs reprises, incarne la figure du réprouvé.

Interprétation alternative :

Une interprétation plus légère et décalée pourrait s’imaginer que Molière avait en tête une critique sociale déguisée. Dom Juan serait alors une sorte d’anarchiste aristocratique, défiant et ridiculisant l’autorité et les normes établies jusqu’à son dernier souffle. L’engloutissement par les flammes de l’enfer pourrait ainsi être vu comme une satire des peurs et superstitions religieuses de l’époque, lançant un clin d’œil moqueur aux dogmes religieux rigides. Après tout, peut-être que dans un monde parallèle, l’esprit irrévérencieux de Dom Juan continue d’errer, trouvant encore des moyens de se moquer des hypocrites et des moralistes.

En conclusion, la fin de « Dom Juan » laisse une impression durable grâce à ses éléments spectaculaires et ses multiples niveaux de lecture. Que l’on y voie une stricte morale religieuse ou une critique sociale déguisée, elle incite à réfléchir sur la nature de la justice, des valeurs morales et de l’hypocrisie sociale.

Suite possible

Suite sérieuse et probable :

Si Molière avait choisi d’écrire une suite à Dom Juan, il est probable qu’il aurait exploré les conséquences de la chute tragique du protagoniste. La mort spectaculaire de Dom Juan laisse un vide dans le monde qu’il a perturbé avec ses actions et ses idéaux. Une suite pourrait suivre Sganarelle, l’écuyer de Dom Juan, dans sa quête de nouveaux maîtres ou dans la rédemption de son propre caractère. Désormais libre des chaînes morales et immorales de Dom Juan, Sganarelle pourrait évoluer vers une figure plus moralement centrée, cherchant à se racheter de sa complicité passée.

Le père de Dom Juan, Dom Louis, pourrait également jouer un rôle central dans une suite. Profondément affecté par la chute de son fils, Dom Louis pourrait se lancer dans un pèlerinage spirituel, cherchant à comprendre les fautes et les péchés qui ont conduit Dom Juan à sa perte. Sa quête pourrait devenir une réflexion plus large sur les valeurs de la société et l’influence de la foi et de la moralité dans la vie humaine. La société elle-même, représentée par une variété de personnages secondaires, pourrait également être explorée pour voir comment la mort de Dom Juan affecte les normes sociales et morales du temps.

Suite improbable et extravagante :

Imaginons un rebondissement audacieux où Dom Juan, au lieu de rester damné pour l’éternité, revient sous forme de fantôme pour corriger ses erreurs passées. Dans cette suite improbable, Dom Juan pourrait devenir un esprit bienfaisant, cherchant à aider ceux qu’il a autrefois trompés et trompés. Sganarelle pourrait devenir son acolyte spectral, les deux formant un duo d’esprit qui résout les injustices et combat les charlatans. Une telle histoire pourrait plonger dans un mélange de comédie et de morale tragique, offrant une conclusion rédemptrice mais fantastique pour le célèbre libertin.

Dom Juan pourrait aussi se retrouver dans une version alternative de l’enfer, où il doit séduire et manipuler des démons pour obtenir sa libération. Tout en maintenant un ton humoristique et satirique, cette suite pourrait servir à explorer des thèmes de rachat et de rédemption sous un angle ludique. En jouant sur les aspects surnaturels de l’œuvre originale, cette version extravagante fournirait une critique humoristique des valeurs morales et sociétales, tout en permettant à Molière de continuer à divertir son public avec son esprit acéré et ses observations sociales perspicaces.

Conclusion

Dom Juan de Molière est une pièce qui, bien que vieille de plusieurs siècles, continue de résonner avec les thèmes universels de la moralité, de l’hypocrisie et de la quête de liberté individuelle. La fin de l’œuvre, marquée par la chute de Dom Juan en enfer, offre une fin brutale mais puissante pour un personnage complexe qui défie les conventions sociales et religieuses de son temps.

À travers notre analyse, nous avons exploré les différents aspects de cette fin dramatique, y compris les thèmes sous-jacents et les implications morales. En considérant les possibles suites sérieuses ou plus fantaisistes, nous avons également laissé libre cours à notre imagination pour envisager comment l’histoire de Dom Juan pourrait se prolonger dans des directions différentes.

En fin de compte, Dom Juan reste un chef-d’œuvre intemporel de la littérature française, mettant en lumière les dilemmes éternels de l’humanité tout en offrant un divertissement captivant et une réflexion profonde sur la nature humaine. Molière, par cette œuvre, continue d’interpeller et de fasciner les lecteurs et spectateurs, nous incitant à questionner nos propres valeurs et comportements en face de la tentation et de la rédemption.

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