Better Call Saul de Vince Gilligan et Peter Gould (2015)

Contexte de l’histoire de l’œuvre

« Better Call Saul » est une série télévisée américaine créée par Vince Gilligan et Peter Gould, qui a débuté en 2015. La série est à la fois un préquel et un spin-off de la célébrissime série « Breaking Bad » de Vince Gilligan. L’histoire se concentre sur l’évolution du personnage de Jimmy McGill, un avocat en difficulté, qui prendra plus tard le nom de Saul Goodman, le charismatique et éthique-fluide avocat de « Breaking Bad ».

La série, produite par Sony Pictures Television, a reçu un accueil critique très positif. Elle explore des thèmes tels que la moralité, l’ethos professionnel, la culpabilité et la rédemption, avec une touche de l’humour noir qui était déjà caractéristique de « Breaking Bad ». La série est aussi bien accueillie pour sa cinématographie, ses performances d’acteurs, notamment celle de Bob Odenkirk dans le rôle de Jimmy/Saul, ainsi que sa narration captivante.

« Better Call Saul » s’est étendu sur six saisons, avec la dernière saison diffusée en 2022. Elle a su trouver son propre identité tout en s’intégrant parfaitement à l’univers « Breaking Bad », attirant à la fois de nouveaux spectateurs et ceux déjà familiers de la saga originale. La profondeur des personnages, la complexité des intrigues juridiques et l’évolution morale des protagonistes font de cette série un chef-d’œuvre du genre dramatique.

Résumé de l’histoire

« Better Call Saul » suit l’évolution de Jimmy McGill, un escroc talentueux mais sans ambition, qui tente de se réinventer en tant qu’avocat à Albuquerque, au Nouveau-Mexique. La série commence avec Jimmy, un avocat publiciste fauché, luttant contre tous, y compris son propre frère, Chuck McGill, un avocat respecté mais atteint d’une maladie psychosomatique. Malgré les nombreux obstacles, Jimmy reste déterminé à prouver sa valeur dans le monde juridique, mais ses méthodes peu orthodoxes et ses décisions discutables le poussent souvent à la limite de la légalité et de l’éthique.

La série suit également d’autres personnages clés comme Mike Ehrmantraut, un ancien policier devenu homme de main, dont le parcours se brouille avec celui de Jimmy. Kim Wexler, une avocate talentueuse et un amour compliqué de Jimmy, tente de jongler entre ses propres ambitions professionnelles et son attachement à Jimmy.

Au fil des saisons, Jimmy se transforme progressivement en Saul Goodman, un avocat véreux et charismatique qui devient une figure incontournable du monde criminel d’Albuquerque. Chaque saison ajoute des couches de complexité à l’évolution de Jimmy, tout en développant des sous-intrigues captivantes impliquant des personnages secondaires et des situations juridiques compliquées.

La série explore également les conséquences de la chute de Jimmy/Saul sur son entourage immédiat, en particulier Kim, dont le destin est lourdement influencé par ses choix et ses actions. Les décisions éthiques et les luttes internes de Jimmy deviennent de plus en plus intenses, conduisant à des moments de tension extrême et à des revirements dramatiques.

Grâce à ses intrigues soigneusement tissées, ses dialogues incisifs et ses performances d’acteurs qui oscillent entre le comique et le tragique, « Better Call Saul » réussit quelque chose de rare : elle développe ses personnages de façon organique tout en rendant hommage à la série mère, « Breaking Bad », et en enrichissant encore plus son univers narratif complexe.

La fin de l’œuvre

La conclusion de « Better Call Saul » est à la fois intense et poignante, offrant une fermeture satisfaisante au récit complexe de Jimmy McGill, alias Saul Goodman. La sixième et dernière saison aboutit à un climax plein de révélations et de résolutions tant attendues, reliant solidement l’univers de « Breaking Bad » avec celui du spin-off.

À la fin de la série, nous assistons à la capture de Saul Goodman. Emprisonné et confronté à ses crimes, le personnage de Jimmy fait face à une ultime bataille judiciaire. Plutôt que de recourir à ses malices habituelles pour s’échapper, Jimmy choisit enfin d’accepter la pleine responsabilité de ses actions. Cet acte de contrition est symbolisé par sa confession publique lors de son procès, où il admet ses malhonnêtetés et ses liens étroits avec le cartel de drogue de Walter White.

La révélation clé de cette scène est l’aveu de Jimmy concernant les conséquences de ses choix. Non seulement il assume ses crimes, mais il s’efforce aussi de restaurer son intégrité en reconnaissant le tort qu’il a causé à ceux qu’il aimait, en particulier à Kim Wexler. En fin de compte, Jimmy renonce à son surnom d’avocat déshonoré, Saul Goodman, pour redevenir simplement Jimmy McGill.

Parmi les résolutions marquantes, la réconciliation temporaire entre Jimmy et Kim est profondément touchante. Bien que leur relation amoureuse ne soit pas entièrement récupérable, il y a un sentiment d’apaisement lorsque Kim lui rend visite en prison. Leur interaction finale montre une complicité renouvelée, soulignant que, malgré tout, le lien émotionnel entre eux perdure.

Un autre point clé est l’évolution de Kim Wexler. Après avoir abandonné sa carrière d’avocate, elle retourne bénévolement au barreau, trouvant un moyen de corriger son propre parcours tortueux. La série insinue une forme de rédemption pour elle également, même si le spectre de ses erreurs passées continue de hanter son nouveau chemin.

Enfin, la série s’achève sur une note de réflexion et de mélancolie avec Jimmy en prison mais ayant retrouvé un semblant de paix intérieure. La dernière séquence montre Jimmy et Kim partageant une cigarette, remémorant les jours passés où ils étaient encore inséparables et complexes mais unis.

La fin de « Better Call Saul » est un chef-d’œuvre de narration empathique et de profondeur psychologique. Elle montre Jimmy McGill confronté à son propre reflet, réalisant enfin la gravité de ses actions et choisissant la voie de la rédemption, bien que cela lui coûte sa liberté.

Analyse et interprétation

« Better Call Saul » aborde de nombreux thèmes profonds qui enrichissent la complexité de la série et offrent une fin pleine de nuances. Examinons plus en détail ces thèmes et la manière dont ils se manifestent à la fin de la série.

Tout d’abord, le thème de l’identité est central tout au long de la série. Jimmy McGill, l’avocat enclin à l’escroquerie, se métamorphose progressivement en Saul Goodman, un avocat peu scrupuleux. Cet arc de personnage est tout à fait complet à la fin de la série. Sa reddition et sa reconnaissance de ses actions montrent un homme qui a, enfin, trouvé une certaine réconciliation avec tous les aspects de son être – Jimmy, Saul et Gene. La fin souligne ainsi l’idée que, malgré ses tentatives répétées pour échapper à son passé, Jimmy ne pouvait pas fuir qui il était réellement.

Le thème de la rédemption joue également un rôle crucial. Jimmy choisit finalement de prendre ses responsabilités pour ses actions, même si cela signifie sacrifier sa chance de réduire sa peine. C’est un geste puissant de rédemption et de responsabilité morale. À travers ce sacrifice, il essaie de compenser toutes les trahisons et manipulations passées, ce qui confère à la série une dimension morale forte.

Par ailleurs, l’histoire d’amour entre Jimmy et Kim Wexler atteint une conclusion significative. Leur relation est l’une des pierres angulaires de la série, et la scène où Kim rend visite à Jimmy en prison révèle que, malgré tout, une forme d’affection et de respect mutuel subsiste. La cigarette partagée entre eux, symbole d’intimité tout au long de la série, souligne cette connexion persistant malgré les événements tumultueux.

Interprétons maintenant cette fin sous différentes perspectives :

Interprétation sérieuse/probable : La fin de « Better Call Saul » vise à montrer que même ceux qui semblent irrévocablement perdus peuvent trouver une forme de rédemption. Jimmy accepte enfin son identité et ses erreurs, révélant un personnage capable de grandeur morale malgré ses défauts. La série conclut sur un message de responsabilité personnelle et de possibilité de rédemption, même pour ceux qui ont commis des actes répréhensibles.

Interprétation alternative : Et si cette fin était un rêve construit par Jimmy dans sa cellule pour échapper à la dure réalité ? Dans cette interprétation, Jimmy crée une fantaisie où il assume sa culpabilité et retrouve une connexion avec Kim. Cela pourrait être vu comme une ultime manipulation de sa part, une tentative de préserver une image héroïque de lui-même dans son esprit, même en prison. Cette fin onirique pourrait souligner l’ironie et l’ambiguïté intrinsèque à son personnage : un mélange insaisissable de réalité et de tromperie, fidèle à l’esprit de Saul Goodman.

Suite possible

Suite sérieuse et probable

L’avenir du monde de « Better Call Saul » pourrait se focaliser sur les destins croisés des personnages secondaires et des implications de leurs actions. Kim Wexler, après avoir pris ses distances de l’univers de Jimmy, pourrait devenir un point central. Une suite probante pourrait montrer Kim en train de s’adapter à une nouvelle vie, peut-être en poursuivant ses efforts pour aider les indéfendables de manière plus constructive. Elle pourrait affronter de nouveaux dilemmes éthiques en naviguant dans un monde post-Saul Goodman, montrant comment son passé continue de la hanter.

Par ailleurs, une continuation sérieuse pourrait aussi explorer le futur de certains des personnages moins en lumière dans « Better Call Saul », mais fascinants dans « Breaking Bad ». Que deviennent les associés de Gus Fring ou les employés loyaux de Saul lui-même ? Une telle série pourrait ajouter des dimensions à l’univers, tout en offrant aux fans de nouvelles perspectives sur des figures familières.

Suite improbable et délirante

Imaginons une suite où Saul Goodman devient une sorte de mentor pour une nouvelle génération de jeunes avocats idéalistes, après avoir décidé de revenir dans le jeu légal mais cette fois-ci, avec de meilleures intentions. Dans cette version, Saul, sous une fausse identité, ouvre un cabinet dans une petite ville où il est constamment confronté à devoir balancer ses vieilles habitudes à connotations douteuses avec son désir réformé de faire le bien.

Nous pourrions également avoir une version où Mike Ehrmantraut, ressuscité d’une manière inattendue, décide de former une agence de détectives privés à Albuquerque. Mike et ses nouvelles recrues pourraient se retrouver mêlés à des enquêtes toujours plus excentriques et farfelues, teintées de l’humour caustique et de l’ironie qui ont fait le charme de l’univers de Vince Gilligan et Peter Gould.

Conclusion

« Better Call Saul » a su conquérir les cœurs autant que « Breaking Bad » avec une profondeur narrative et des personnages inoubliables. La fin de la série conclut de manière poignante l’évolution de Jimmy en Saul et offre un regard final sur sa trajectoire tumultueuse. En scrutant les nuances de justice, de moralité et de rédemption, elle laisse le spectateur avec plus de questions que de réponses, incitant à la réflexion.

Les pistes de suites proposées, sérieuses ou délirantes, démontrent la richesse de cet univers où chaque personnage a encore un potentiel inaltéré. Qu’il s’agisse de Kim Wexler poursuivant une quête personnelle ou d’une version réjouissante de Saul en mentor réformé, l’héritage de « Better Call Saul » semble destiné à continuer d’exercer une fascination durable.
Le chapitre peut être clos, mais l’univers de ces avocats déjantés et personnages démarqués a prouvé qu’il restait une mine d’or pour de nouvelles explorations.

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