Bartleby le scribe de Herman Melville (1853)

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Contexte de l’histoire de l’œuvre

Herman Melville, célèbre auteur américain, a écrit « Bartleby le scribe » en 1853, une nouvelle d’abord parue anonymement dans deux parties de la revue « Putnam’s Magazine ». Connu principalement pour son chef-d’œuvre « Moby-Dick », Melville plonge ici dans une exploration subtile de la condition humaine et des absurdités de la vie professionnelle. « Bartleby le scribe » se distingue par sa simplicité narrative qui contraste avec la riche profondeur de son contenu thématique. Située à Wall Street, cette histoire est souvent perçue comme une critique mordante de la société bureaucratique de l’époque et une réflexion existentialiste avant l’heure.

Melville brosse le portrait de Bartleby, un copiste dont la tranquillité et le refus obstiné de se conformer aux attentes de son environnement jettent les autres personnages dans un tourbillon de perplexité et de frustration. En s’attaquant à des thèmes tels que l’isolement, le non-conformisme, l’aliénation et le déclin personnel, « Bartleby le scribe » demeure une œuvre intemporelle dont les résonances modernes continuent de captiver les lecteurs et les critiques.

Résumé de l’histoire

L’histoire de « Bartleby le scribe » est narrée par un avocat prospère qui possède un cabinet juridique à Wall Street. L’avocat, fonctionnaire méthodique et bienveillant, emploie plusieurs copistes – Nippers, Turkey et Ginger Nut – dont le caractère excentrique complique souvent la gestion au quotidien. A la recherche de renfort, il engage Bartleby, un homme au comportement inexplicablement calme.

Au début, Bartleby effectue son travail de manière exceptionnelle, sa diligence et sa discrétion étant remarquables. Cependant, les ennuis commencent lorsqu’un jour, à la demande de l’avocat de vérifier un document, Bartleby répond avec une phrase qui deviendra célèbre: «Je préférerais ne pas le faire» («I would prefer not to»). Cette simple phrase, répétée avec une obstination implacable, devient le mantra de Bartleby pour refuser toute tâche supplémentaire ou collaboration.

De plus en plus perturbé mais aussi préoccupé par la santé mentale et le bien-être de Bartleby, l’avocat découvre que ce dernier vit dans le bureau, n’ayant apparemment aucune autre résidence. La perplexité et la frustration de l’avocat augmentent face à la passivité totale de Bartleby, qui reste imperturbablement calmé tout en continuant de refuser la plupart des tâches.

Pour échapper à cette situation disparue, l’avocat décide de déménager son bureau, laissant Bartleby derrière. Cependant, le nouveau locataire le contacte à nouveau pour se plaindre de Bartleby, qui continue à errer et s’installer dans les locaux abandonnés du cabinet. L’avocat essaie d’aider Bartleby en lui offrant de l’argent et une aide éventuelle, mais Bartleby refuse avec son invariable «Je préférerais ne pas le faire».

Finalement, Bartleby est arrêté pour vagabondage et envoyé à la prison de Tombs. Malheureusement, malgré les tentatives continues de l’avocat pour alléger sa condition, Bartleby, plongé dans une apathie insurmontable, finit par mourir de faim, refusant même la nourriture dans ses derniers jours. La fin tragique de Bartleby laisse l’avocat, et le lecteur, face à l’énigmaticité de son destin et aux questions profondes sur l’aliénation et le refus de la norme.

La fin de l’œuvre

La fin de « Bartleby le scribe » est à la fois tragique et poignante, reflétant les thèmes principaux d’aliénation et de l’indifférence de la société. Après avoir refusé de travailler, Bartleby est finalement expulsé des locaux où il vivait. Le narrateur, un avocat bienveillant mais impuissant à changer le destin de Bartleby, envisage plusieurs options pour aider son ancien employé, mais chacune est vouée à l’échec.

Lorsque Bartleby est arrêté pour vagabondage et emprisonné à la prison de la Tombe, l’avocat continue de s’intéresser à son sort. Il rend fréquemment visite à Bartleby, essayant encore une fois de le convaincre de changer ou de demander de l’aide, mais Bartleby répète inlassablement son mantra : « Je préférerais ne pas ».

Finalement, la tragédie de Bartleby s’accomplit pleinement lorsqu’il cesse de se nourrir. Son refus obstiné de toute conformité aux exigences du monde extérieur aboutit à une mort par inanition, un acte ultime de rébellion passive. Un matin, l’avocat découvre que Bartleby est mort, allongé paisiblement à même le sol de la cour de la prison. Cette fin symbolise l’ultime renoncement de Bartleby à toute forme de vie imposée par les normes sociales, marquant la consommation de son isolement et de son aliénation.

La révélation finale du narrateur ajoute une couche supplémentaire de pathos et d’interrogation : il apprend de sources non confirmées que Bartleby aurait pu travailler auparavant dans un bureau des lettres mortes à Washington. Ce détail, bien que non vérifié, offre une clé pour comprendre la psychologie de Bartleby. Le travail dans un tel bureau, traitant des espoirs et des rêves perdus, symbolise peut-être la brisure intérieure de Bartleby, le rendant incapable de trouver une voie pour s’intégrer dans la vie active.

L’œuvre se termine sans résolution concrète pour les thèmes centraux ; l’avocat, tout en exprimant son désarroi et son chagrin, ne parvient qu’à une vague compréhension du mystère qu’était Bartleby. Le personnage de Bartleby reste une énigme, son refus obstiné de participer à la vie restant un défi pour l’ensemble des lecteurs. La fin de « Bartleby le scribe » nous laisse une image durable d’un être humain en déperdition, reflétant les bateaux naufragés futurs de la bureaucratie et du capitalisme moderne.

Analyse et interprétation

L’apogée de « Bartleby le scribe » est sans doute l’un des segments les plus intrigants et propice à une multitude d’analyses. Herman Melville y tisse des thèmes philosophiques, sociales et psychologiques riches en profondeur.

Thèmes importants abordés

L’œuvre traite de plusieurs thèmes cruciaux tels que l’aliénation, l’absurdité de la vie humaine, l’influence des structures économiques et sociales, ainsi que la passivité face aux contraintes de la société. Bartleby, de par son comportement énigmatique et son obstination à ne pas se conformer aux attentes de son employeur et de la société, incarne une critique tacite de la vie moderne et de ses exigences déshumanisantes.

Analyse de la fin

La fin de « Bartleby le scribe » est à la fois déconcertante et poignante. Bartleby meurt dans l’abandon, dans les recoins d’une cour de prison. Cette conclusion met en relief la tragédie de l’existence de Bartleby. Son refus persistant de se conformer en utilisant la fameuse phrase « I would prefer not to » est une insurrection silencieuse contre le système qui l’a broyé. En choisissant la mort passive, Bartleby pousse à l’extrême sa réfutation de la soumission.

Interprétations de la fin

Une interprétation sérieuse et probable de la fin est que Bartleby symbolise l’individu assujetti aux rouages oppressifs de la société capitaliste. Le fait qu’il finit en prison, lieu du contrôle ultime, montre la conséquence fatale de son non-conformisme. Melville, ici, semble critiquer une société qui valorise l’efficience et la productivité au détriment de l’humanité et de la compassion.

Toutefois, une interprétation alternative et plus imaginative pourrait être que Bartleby est en fait un extraterrestre ou un voyageur temporel, totalement déphasé avec les mœurs et les attentes humaines. Sa phrase mystérieuse « I would prefer not to » serait alors une tentative maladroite de communiquer son incompréhension de notre monde. La fin alors prendrait une tournure totalement différente, où sa mort symboliserait l’échec de notre société à accueillir l’incompris et l’étranger.

En fin de compte, « Bartleby le scribe » ouvre une fenêtre sur la complexité humaine, aussi bien dans ses mécanismes d’acceptation que de rejet. Melville réussit avec brio à laisser l’interprétation ouverte, incitant chaque lecteur à tirer ses propres conclusions sur cet énigmatique personnage.

Suite possible

Suite sérieuse et probable :

Herman Melville laisse la destinée de Bartleby entourée de mystère et de tragédie, mais si nous devions envisager une suite réaliste, elle pourrait se concentrer sur les répercussions de son passage pour les autres personnages du récit, en particulier le narrateur. Après la mort de Bartleby, le bureau reprendrait son cours habituel, mais les traces de Bartleby persisteraient dans l’esprit des employés. Le narrateur, touché par l’histoire de Bartleby et ses dernières paroles, pourrait être incité à réfléchir à ses propres actions et à la manière dont il traite ses employés. Il pourrait devenir une figure clé du changement progressif des conditions de travail, en luttant pour de meilleures conditions pour ses employés, motivé par une prise de conscience tardive éveillée par la tragédie de Bartleby.

Le narrateur pourrait également chercher à découvrir davantage sur le passé de Bartleby, cherchant à comprendre ce qui a pu mener cet homme à un tel état de désespoir. En remontant les fils de l’histoire personnelle de Bartleby, il pourrait découvrir des aspects cachés de la vie des employés d’un bureau de l’époque et les défis auxquels ils sont confrontés. Cela pourrait mener à la publication d’un livre ou de mémoires révélant les vérités difficiles de la vie cachée des scribes, transformant les perceptions de l’époque.

Suite imaginée et décalée :

Dans une suite plus fantaisiste, Bartleby pourrait être révélé comme une sorte de spectre ou d’entité surnaturelle qui hante les bureaux pour révéler les vérités cachées de la vie urbaine et du travail aliénant. Le narrateur pourrait devenir un détective spirituel, faisant face à des apparitions de Bartleby dans différentes situations de travail dans la ville de New York. Ces aventures pourraient donner lieu à des moments burlesques et effrayants, mais toujours avec une morale forte concernant le traitement des travailleurs et les conditions de travail oppressantes.

Imaginez un monde où Bartleby, après sa mort, devient un champion des opprimés, apparaissant dans différentes histoires à travers le temps et l’espace pour apporter un message de rébellion tranquille et obstinée contre l’injustice. Chaque bureau qu’il hante subit des changements radicaux après sa visite, favorisant de meilleures conditions de travail et plus de compassion envers les employés. Le narrateur se retrouve alors à résoudre ces mystères éthérés tout en devenant un fervent défenseur des droits des employés, inspiré par le fantôme irréfutable de Bartleby.

Conclusion

« Bartleby le scribe » de Herman Melville est un chef-d’œuvre intemporel qui aborde les thèmes de l’isolement, de la résistance passive et de la compassion humaine. Son final poignant laisse une marque indélébile sur le lecteur, convoquant des questions philosophiques et existentielles profondes. L’œuvre invite à la contemplation sur la nature du travail, l’individualité et la responsabilité sociale.

Les répercussions de l’histoire de Bartleby vont bien au-delà de sa propre vie – elles posent des questions cruciales sur la manière dont nous traitons les autres dans notre société. Les diverses interprétations possibles de la fin, qu’elles soient sérieuses ou farfelues, montrent l’impact durable que Melville a réussi à créer. En imaginant des suites potentielles à l’histoire, nous voyons comment les thèmes abordés dans le texte original peuvent être étendus et explorés davantage.

Que nous envisagions un futur où les leçons de Bartleby conduisent à des réformes sociales significatives, ou que nous nous laissions emporter par des récits surnaturels où Bartleby devient une force de changement omniprésente, l’essence de l’œuvre continue de résonner. « Bartleby le scribe » reste un texte incontournable qui pousse ses lecteurs à réfléchir profondément sur le sens de la compassion et de l’humanité dans le monde du travail moderne.

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