Andromaque de Jean Racine (1667)

Contexte de l’histoire de l’œuvre

Jean Racine, l’un des dramaturges les plus éminents du XVIIe siècle, a marqué la littérature française avec ses tragédies classiques, parmi lesquelles « Andromaque » occupe une place de premier plan. Écrite en 1667, cette pièce est souvent étudiée pour sa profondeur psychologique et sa maîtrise des règles de la tragédie classique, incluses dans les trois unités (temps, lieu, action) chères à l’époque. Racine y démontre une compréhension aiguë des émotions et des passions humaines, tout en livrant une œuvre dramaturgique aux vers élégants et puissants.

« Andromaque » plonge le public au cœur d’un drame complexe postérieur à la guerre de Troie. L’intrigue reprend des personnages mythologiques célèbres, et la pièce explore les conséquences personnelles et politiques de cette guerre dévastatrice. Racine catalyse la tension dramatique en centrant l’histoire autour de la veuve troyenne Andromaque, prisonnière du roi grec Pyrrhus en Épire. La tragédie reflète les thèmes universels de l’amour, de la vengeance, et de l’honneur, tout en offrant une critique subtile et poignante des conflits moraux et des sacrifices personnels.

Résumé de l’histoire

« Andromaque » commence après la chute de Troie, alors que Andromaque, veuve d’Hector et mère d’Astyanax, est captive de Pyrrhus, roi d’Épire. Pyrrhus, initialement fiancé à Hermione, fille de Ménélas et Hélène, est épris de sa captive. Dans ce contexte de captivité et de luttes amoureuses, l’arrivée d’une délégation grecque, dirigée par Oreste, catalyse les événements tragiques à venir.

Oreste, ambassadeur pour les Grecs, demande à Pyrrhus de livrer Astyanax pour éviter que le fils survivant d’Hector ne devienne une future menace. Mais Pyrrhus, obsédé par Andromaque, refuse et voit cette demande comme un levier pour obtenir son amour. Il propose à Andromaque de l’épouser pour sauver son fils, une offre qui place Andromaque dans un dilemme moral entre fidélité à la mémoire de son défunt mari et la survie de son fils.

Hermione, fiancé délaissée de Pyrrhus, découvre les sentiments vacillants de ce dernier et son infidélité potentielle. Dévastée et consumée par la jalousie, elle nourrit des sentiments ambivalents d’amour et de haine envers Pyrrhus. De son côté, Oreste, amoureux de longue date de Hermione, est prêt à tout pour la conquérir, y compris à être l’instrument de sa vengeance.

La pièce progresse alors que tous les personnages, chacun pris dans les filets de leurs propres passions, intrigues et désespoirs, convergent inévitablement vers le dénouement tragique. Pyrrhus, déchiré entre son devoir royal et son désir pour Andromaque, choisit d’épouser celle-ci malgré sa répugnance à trahir Hermione. Andromaque accepte finalement le mariage mais avec un plan en tête pour sauver son fils et préserver l’honneur familial. Sur la scène enchevêtrée des ambitions, des désirs et des ressentiments, la tragédie se déroule, menant chaque personnage plus près de l’inéluctable chute.

La fin de l’œuvre

La tragédie d’Andromaque culmine dans une succession d’événements dramatiques et fatals qui scellent le sort des personnages principaux. À la fin de l’histoire, la tension entre amour, devoir et vengeance atteint son apogée.

Oreste, toujours obsédé par Hermione, décide de suivre son plan audacieux pour obtenir son amour : tuer Pyrrhus. Hermione, quant à elle, est tiraillée entre son amour pour Pyrrhus et sa colère contre lui pour avoir préféré Andromaque. Pyrrhus propose en effet d’épouser Andromaque, la veuve d’Hector, pour sauver la vie de son fils Astyanax, captif des Grecs. Cependant, Andromaque est déchirée par un conflit interne, car épouser Pyrrhus signifie trahir la mémoire de son défunt mari Hector.

Pyrrhus annonce à Andromaque qu’il épousera Hermione, un geste destiné à contraindre Andromaque à céder. Mais finalement, Andromaque accepte de devenir l’épouse de Pyrrhus pour sauver son fils. Pourtant, cette décision, née de l’amour maternel, entraîne une chaîne d’événements tragiques. Hermione, apprenant que Pyrrhus va épouser Andromaque, est consumée par le chagrin et la fureur. Dans un coup de désespoir, elle enjoint Oreste d’exécuter son plan.

Au temple, Pyrrhus se prépare pour les noces, mais c’est là que Oreste et ses hommes surgissent, assassinant Pyrrhus selon les ordres d’Hermione. Cependant, cet acte ne fait qu’aggraver la situation. En voyant le corps de Pyrrhus, Hermione est frappée de remords. Elle blâme Oreste, terminant leur relation et le rejetant violemment. Torturée par sa propre trahison et incapable de supporter la perte de son amour, elle se suicide sur le cadavre de Pyrrhus.

En outre, Oreste, réalisé qu’il a perdu Hermione à jamais, est consumé par la folie due à sa culpabilité et par le désespoir. Le poids de ses actions le pousse à la démence complète, et il est traîné hors de scène dans un état de dévastation mentale totale.

Andromaque, bien qu’ayant consenti à épouser Pyrrhus pour sauver son fils, se retrouve veuve une seconde fois, perdant toute possibilité d’une vie paisible. Mais le plus essential pour elle, Astyanax est sauvé, ce qui donne une pointe d’espoir dans ce dénouement profondément tragique.

La fin d’Andromaque est un enchevêtrement de passions humaines où l’amour, la vengeance, la jalousie et le devoir se heurtent violemment, entraînant chaque personnage vers une conclusion inévitablement désastreuse. Racine utilise cet audacieux enchevêtrement pour explorer les conséquences fatales des émotions humaines débridées, laissant une marque indélébile sur le destin de chacun des protagonistes.

Analyse et interprétation

L’analyse et l’interprétation de la fin d’Andromaque de Jean Racine révèlent une richesse thématique profonde et des choix narratifs soigneusement élaborés qui méritent une attention particulière. Andromaque est plus qu’une simple tragédie classique; elle explore les complexités de l’amour, du devoir, et des conséquences tragiques des passions humaines.

Thèmes importants abordés

Un des thèmes centraux d’Andromaque est le conflit entre l’amour et le devoir. Chaque personnage est pris au piège entre leur désir personnel et les responsabilités qu’ils doivent assumer. Pour Andromaque, c’est la fidélité à la mémoire d’Hector et la protection de son fils, Astyanax. Pour Pyrrhus, c’est l’équilibre entre son amour pour Andromaque et son devoir en tant que roi. Également, Oreste représente la folie amoureuse et la jalousie destructrice.

Un autre thème est celui de la loyauté et de la trahison. La duplicité est omniprésente, notamment à travers les promesses non tenues ainsi que les intentions cachées. Enfin, la fatalité, si chère à la tragédie classique, enveloppe l’histoire, ses personnages sont prisonniers de leur destin, échouant inévitablement à atteindre le bonheur.

Analyse de la fin

La fin d’Andromaque est d’une intensité suffocante. Pyrrhus, en proposant de marier Hermione, espère gagner l’allégeance politique et maintenir son royaume. Cependant, son amour pour Andromaque brouille ses intentions, et face à son refus, il cède à son chantage et décide finalement de marier Hermione. Andromaque, acculée et cherchant à sauver son fils, accepte seulement après avoir planifié de se suicider après la cérémonie. C’est un acte de désespoir, démontrant jusqu’où elle ira pour protéger son enfant.

Ce mariage précipité conduit au déchaînement des passions : Hermione, supposément honorée, se sent trahie par Pyrrhus. Elle incite Oreste à le tuer. Le meurtre de Pyrrhus par Oreste sous les yeux d’Hermione transforme l’amour en haine violente et souligne l’inéluctabilité de la tragédie. L’ultime dénouement est la culpabilité écrasante d’Oreste, devenu fou à la fin de la pièce.

Interprétations de la fin

Interprétation sérieuse : La fin tragique peut être vue comme une critique de la quête égoïste de l’amour qui, au lieu de procurer le bonheur, détruit les vies des personnes impliquées. Le désespoir d’Andromaque, la folie d’Oreste, la vengeance d’Hermione et la mort de Pyrrhus montrent tous les résultats désastreux quand les passions humaines ne sont pas maîtrisées ou orientées par l’éthique et le devoir moral. La pièce invite les spectateurs à réfléchir à la vanité des désirs personnels face à une réalité marquée par le sort inévitable.

Interprétation alternative : Dans une vision plus décalée, la fin d’Andromaque pourrait être interprétée comme une satire sombre de l’obsession romantique de l’époque. Imaginez qu’Oreste avait en fait mal compris les intentions d’Hermione et que le meurtre de Pyrrhus était un gigantesque malentendu digne d’une comédie d’erreurs. Le meurtre devient alors une absurdité, un geste frappant par la maladresse et dénué de la gravité habituellement associée à la tragédie. On pourrait même pousser cette idée plus loin en imaginant qu’Andromaque ait orchestré le tout pour venger Hector d’une manière impensable. Cette fin souligne l’élément irrationnel des passions humaines de manière hyperbolique et humoristique.

Suite possible

Suite sérieuse et probable

Dans une suite probable à « Andromaque », nous pourrions voir les conséquences directes des événements tragiques qui se sont déroulés à la fin de la pièce. Astyanax, le fils d’Andromaque et d’Hector, pourrait devenir un personnage central, symbolisant l’héritage de Troie.

Étant désormais sous la tutelle du roi Pyrrhus, Astyanax pourrait grandir entouré de ressentiment et de conflits. Andromaque, désormais reine et veuve de Pyrrhus, aurait à naviguer dans les intrigues de la cour pour assurer la sécurité de son fils et peut-être même orchestrer une vengeance subtile contre ceux qui ont contribué à ses souffrances.

En France du XVIIe siècle, où Racine situe la grandeur et la tragédie, l’accent serait mis sur la manipulation politique et la lutte pour le pouvoir. La reconstitution de Troie pourrait également être un thème récurrent, avec des empires déchus qui tentent de se reconstruire sur les cendres de leur gloire passée. Astyanax pourrait être un jeune prince, tiraillé entre son devoir envers la mémoire de Troie et les réalités implacables de la politique grecque.

Suite imaginative et décalée

Pour une suite plus créative et surprenante, imaginez un scénario où Astyanax, le fils d’Andromaque, découvre un portail magique qui mène aux mythes grecs. Ce portail lui permettrait de voyager dans le temps, et peut-être même de changer le cours des événements passés. Astyanax pourrait se lancer dans une quête pour sauver Troie, rencontrant divers héros et dieux mythologiques en chemin.

Par exemple, Astyanax pourrait convaincre Achille de s’unir à Hector avant la guerre de Troie, changeant ainsi le déroulement de la fameuse guerre. Andromaque se transformerait alors en une conseillère avisée, aidant son fils de loin grâce à des messages envoyés à travers le portail magique. Les personnages tragiques deviendraient ainsi des héros épiques, chacun jouant un rôle dans le réécriture du destin de Troie.

Dans cette réalité alternative, Pyrrhus pourrait se retrouver face à un Astyanax devenu puissant et respecté parmi les dieux et les héros, et devrait peut-être même s’incliner devant lui. Les intrigues politiques seraient alors remplacées par des épreuves héroïques et des batailles épiques contre des monstres mythologiques, le tout en conservant le style poétique de Racine.

Conclusion

« Andromaque » de Jean Racine est une œuvre qui a traversé les siècles grâce à sa profondeur émotionnelle et à la richesse de ses thématiques. La fin de la pièce, sombre et tragique, laisse de nombreuses questions ouvertes sur le futur des personnages, en particulier Astyanax, l’héritier de Troie.

Si Racine ne dépeint que la chute et la fatalité, cela laisse un espace fascinant pour l’imagination. Une suite sérieuse à « Andromaque » continuerait d’explorer les thèmes de pouvoir, de vengeance et de survie, tandis qu’une suite plus imaginative permettrait de voir les personnages s’engager dans des aventures épiques au-delà du possible.

Quoi qu’il en soit, l’impact de cette tragédie classique ne peut être nié, et elle continue d’inspirer les lecteurs et les écrivains à repenser et réinventer les destins de ses personnages inoubliables.

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