Absalon, Absalon ! de William Faulkner (1936)

Contexte de l’histoire de l’œuvre

Publié en 1936, Absalon, Absalon ! est un roman monumental de William Faulkner. Connu pour son style complexe et ses thèmes profonds, Faulkner utilise plusieurs points de vue et une structure narrative non-linéaire pour raconter une histoire fascinante de famille, de tragédie et de malédiction. Le titre du roman fait référence à l’histoire biblique d’Absalom, le fils du roi David, qui se rebella contre son père. Ce titre suggère d’emblée que le roman explore des thèmes de déchéance familiale et de révolte intergénérationnelle.

Enraciné dans le Sud des États-Unis durant l’époque de l’avant-guerre civile jusqu’à l’ère de la Reconstruction, l’œuvre se concentre principalement sur Thomas Sutpen et sa quête dévorante de créer une dynastie puissante et respectée. Cette quête épique est racontée à travers des récits fragmentés et des points de vue distincts, reflétant parfaitement le complexe entrelacement de mémoire et de légende propre au Sud profond. Faulkner lui-même est souvent cité pour son exploration inégalée de la conscience humaine, et Absalon, Absalon ! en est l’un des exemples les plus éclatants.

Résumé de l’histoire

Absalon, Absalon ! relate l’ascension et la chute de Thomas Sutpen, un homme aux origines modestes mais aux ambitions gigantesques. Arrivant dans le comté de Yoknapatawpha, Mississippi, avec presque rien à son nom, Sutpen parvient à construire une plantation opulente appelée Sutpen’s Hundred, utilisant des moyens souvent impitoyables et moralement répréhensibles. Il épouse Ellen Coldfield, issue d’une famille locale respectée, et a deux enfants avec elle, Henry et Judith.

Sutpen a également un fils mulâtre non reconnu, Charles Bon, issu d’une précédente relation en Haïti. L’identité de Charles reste secrète pendant de nombreuses années, mais quand il rencontre Henry à l’université, les deux deviennent inséparables. Les choses se compliquent lorsque Charles et Judith, frère et sœur demi-sang, tombent amoureux l’un de l’autre.

Quand Henry découvre la véritable identité de Charles, il est consumé par la culpabilité et la colère. Finalement, lors de la guerre civile, Henry tue Charles pour empêcher ce qu’il juge être une union incestueuse. Cette tragédie déclenche une série d’événements dévastateurs qui conduisent à la ruine complète de la famille Sutpen.

Les fils narratifs du roman sont principalement assemblés par Quentin Compson et son colocataire à Harvard, Shreve McCannon, alors qu’ils tentent de reconstituer les fragments du passé de Sutpen des décennies après les faits. Quentin, un descendant d’une famille également notable du comté de Yoknapatawpha, est obsédé par l’histoire de Sutpen, et ses réflexions permettent de dévoiler la complexité des relations familiales et des secrets honteux qui hantent encore les résidents du Sud.

La fin de l’œuvre

La fin de « Absalon, Absalon ! » de William Faulkner est un dédale complexe de révélations et de résolutions, une confrontation inévitable avec les tragédies qu’ont engendrées les ambitions de Thomas Sutpen. La conclusion du roman, qui se déroule principalement au cours des derniers chapitres, est marquée par une série d’événements et de révélations qui cimentent l’inévitabilité des malheurs accumulés.

Au cœur de ces événements, Quentin Compson et son colocataire de Harvard, Shreve McCannon, reconstituent l’histoire de Thomas Sutpen à partir des fragments de récits qu’ils ont entendus. L’une des révélations les plus dévastatrices concerne l’histoire familiale de Sutpen. Il est révélé que Charles Bon, prétendant à la main de Judith Sutpen et ami de son frère Henry, est en réalité le demi-frère caché des deux, fruit d’une union précédente de Thomas Sutpen avec une femme d’origine partiellement africaine.

Cette révélation enflamme une série de tragédies. Henry, découvrant la vérité juste avant que Charles n’épouse Judith, le tue pour empêcher ce mariage incestueux et pour préserver l’honneur de la famille. Cette action mène Henry à une existence de fuite et de remords, vivant caché pendant des décennies sur le domaine familial en ruine.

La maison de Sutpen, autrefois un symbole de ses ambitions, est également anéanti. Tout comme son rêve d’une dynastie prospère, la maison est consumée par le feu, symbolisant la destruction totale de ses aspirations. Rosa Coldfield, qui avait autrefois été fiancée à Sutpen, découvre Henry vivant dans une mansarde et tente de le sauver, mais arrive trop tard pour prévenir la tragédie.

Dans cette fin, une des figures les plus poignantes est Clytemnestra (Clytie) Sutpen, la demi-sœur esclave de Judith et Henry. Fidèle au domaine et à ses secrets, Clytie met fin à ses jours en allumant l’incendie qui détruit la demeure familiale. Son acte est une tentative désespérée de purger les péchés et les infortunes de la famille Sutpen.

Les résolutions qui se produisent sont nombreuses, mais elles ne sont pas synonymes de rédemption ou de paix. Au lieu de cela, elles soulignent l’inévitabilité de la chute des Sutpen, emportés par leur fierté, leur ambition démesurée et leurs transgressions morales. L’analyse de Quentin et Shreve scelle l’histoire de Thomas Sutpen comme un exemple frappant de l’échec tragique américain, marqué par la fureur, le racisme et la tragédie familiale.

La fin du roman laisse entendre que les péchés des parents retombent inexorablement sur leurs enfants, et que les tentatives d’évasion ou de correction du passé sont finalement vaines. Quentin Compson lui-même est profondément affecté par l’histoire qu’il a reconstituée, illustrant comment les fantômes du passé continuent à hanter les générations suivantes.

En fin de compte, « Absalon, Absalon ! » ne propose pas de résolution claire ou de rédemption pour ses personnages, mais plutôt une réflexion sombre sur la nature de l’ambition humaine, ses tragédies inévitables, et les conséquences indélébiles qui en découlent.

Analyse et interprétation

« Absalon, Absalon ! » de William Faulkner est une exploration complexe des thèmes de l’identité, de la famille, du racisme et de la mémoire. La fin du roman, véritable clou de l’intrigue, laisse le lecteur avec plus de questions que de réponses, mais c’est exactement ce que Faulkner semble avoir voulu.

Thèmes importants abordés

Le roman aborde plusieurs thèmes cruciaux : la chute du Sud aristocratique, la malédiction des familles, et les répercussions destructrices du racisme et des secrets familiaux. Thomas Sutpen, le personnage central, symbolise l’ambition démesurée et l’échec d’une société fondée sur des idéaux préjudiciables.

Analyse de la fin

La fin de « Absalon, Absalon ! » est une spirale descendante inexorable qui se clôture par le désespoir et l’aliénation. Quentin et Shreve, en reconstruisant l’histoire des Sutpen, en tirent finalement une leçon sinistre : les erreurs et les péchés de la famille sont voués à se répéter. La folie de Quentin au terme de cette reconstruction narrative montre son incapacité à se détacher des fantômes du passé.

Interprétations de la fin

Interprétation sérieuse/probable : La conclusion du roman, avec Quentin en proie à des tourments mentaux, peut être interprétée comme une critique cinglante de la société du Sud postbellum, incapable de se réconcilier avec son histoire de violence et de racisme. Faulkner montre comment les secrets et les préjudices du passé influencent inexorablement le présent et l’avenir. Quentin devient le symbole de cette incapacité à échapper à l’héritage du Sud, rongé par les erreurs et les préjugés de ses ancêtres.

Interprétation décalée : Une interprétation plus inattendue pourrait considérer Quentin comme une sorte de « détective temporel », enfermé non pas dans une fuite psychologique mais dans une boucle temporelle. Tous ces délires et cette folie seraient en réalité des indices que Quentin revit encore et encore l’histoire des Sutpen, cherchant désespérément une issue ou une clé pour rompre ce cycle. Peut-être que Faulkner a, comme un précurseur des œuvres de science-fiction contemporaine, semé les graines pour une aventure mêlant généalogie narrative et paradoxes temporels.

La richesse de cette fin, entre tragédie absolue et potentiel renouvellement, laisse chaque lecteur confronté à ses propres démons, tout comme les personnages tentent de trouver une rédemption ou au moins une compréhension du passé tumultueux. La fin de « Absalon, Absalon ! » est donc une invitation à la réflexion, poussant à examiner non seulement la trame du roman mais aussi les profondeurs de l’âme humaine.

Suite possible

La manière dont « Absalon, Absalon! » se termine laisse la porte ouverte à diverses interprétations et à la possibilité de prolonger l’histoire.

Suite sérieuse et probable

Dans une suite sérieuse, l’accent pourrait être mis sur les générations futures des familles apparues dans l’œuvre, explorant les répercussions des actions de Thomas Sutpen sur ses descendants. L’histoire pourrait prendre place dans les années suivant la reconstruction du Sud, alors que les descendants de Sutpen tentent de se reconstruire sur les ruines de Sutpen’s Hundred.

Nous pourrions imaginer un récit suivant Quentin Compson et son voyage pour écrire l’histoire de Sutpen, son immersion dans des récits et des souvenirs qui lui permettent de découvrir des vérités cachées. Une intrigue révélée pourrait être une descendance cachée de Sutpen qui pourrait changer le paradigme de l’héritage familial. Ce nouveau personnage pourrait vouloir redorer l’image de la famille, cherchant à corriger les torts du passé.

Avec une Amérique en pleine transformation, les thèmes de rédemption, d’identité et de reconstruction nationale pourraient résonner à travers cette continuation, explorant comment les descendants de Sutpen naviguent dans un monde qui n’a plus de place pour les vestiges de leur héritage tragique.

Suite improbable et imaginative

Pour une suite plus décalée, nous pourrions imaginer une intrigue où les personnages de « Absalon, Absalon! » se retrouvent transportés dans un futur dystopique. L’influence et les actes de Thomas Sutpen auraient eu des conséquences permanentes, créant une société où les dynasties d’élites continuent de dominer, mais sous des formes nouvelles et technologiquement avancées.

Quentin Compson pourrait être ramené à la vie à travers une procédure cybernétique, devenant ainsi un enquêteur dans un monde où les archives numériques permettent de revivre littéralement le passé. Sa mission serait de démêler un complot de suprématie de classe et de technologie qu’aurait engendré une lignée cachée de Sutpen.

Cora Sutpen pourrait apparaître sous la forme d’une intelligence artificielle, préservant des mémoires familiales et des secrets occultes. L’aventure pourrait se transformer en un thriller haletant impliquant des voyages temporels et la lutte contre une intelligence artificielle puissante créée à partir de la conscience de Sutpen lui-même.

Conclusion

« Absalon, Absalon! » est une œuvre complexe qui continue de captiver par ses thèmes intemporels et ses récits multi-facettes. La fin de ce roman n’est pas juste une conclusion; elle incite à la réflexion et à l’exploration des conséquences durables des actions humaines et des dynasties familiales.

Les possibilités de suite, qu’elles soient réalistes ou plus excentriques, montrent combien cette œuvre est riche et adaptable, capable d’inspirer de nouvelles histoires tout en offrant des perspectives nouvelles sur les vieilles. Elle résonne aussi fortement aujourd’hui, suggérant que les dynamiques familiales complexes et les sombres chapitres de notre histoire collective restent pertinents.

La capacité de Faulkner à plonger au cœur des failles humaines et de nous dépeindre des fresques tragiques et grandioses fait de « Absalon, Absalon! » un trésor littéraire, toujours pertinent et source inépuisable de réflexion et d’inspiration pour les générations à venir.

Tags : Absalon Absalon résumé, analyse Absalon Absalon, fin Absalon Absalon Faulkner, relations humaines Faulkner, secrets de famille Absalon, William Faulkner 1936, saga familiale dévastatrice, profondeur narrative Faulkner, conclusion Absalon Absalon, émotions intenses Faulkner